De nombreux acteurs économiques confient parfois qu’ils aimeraient aller plus loin en matière de responsabilité élargie d’entreprise, mais que la demande ne le permet pas. Cependant, la demande peut être orientée, ne serait-ce que grâce à la communication et à la publicité. C’est du reste la raison d’être de ces disciplines. Par conséquent, certains s’interrogent sur le bien-fondé des campagnes de communication qui font la promotion de produits et de services nocifs pour la planète et ses habitants, ou qui fournissent des prestations à des sociétés qui proposeraient de telles offres.
C’est sans doute ce qui a motivé le réseau Adfree Cities et le groupe de réflexion New Weather Institute à déposer le 10 février 2025 une plainte auprès du point de contact national de l’OCDE au Royaume-Uni contre le numéro 2 mondial de la publicité, WPP. Selon eux, les relations commerciales établies entre WPP, d’une part, et des sociétés pétrolières, des constructeurs automobiles, des compagnies aériennes et des fabricants de plastiques, d’autre part, rendent l’entreprise responsable de la pollution et des violations des droits humains. En octobre 2024, l’organisation internationale de journalistes DeSmog a d’ailleurs découvert que MetropolitanRepublic, une agence de WPP installée en Afrique du Sud, avait recruté des influenceurs se produisant sur les réseaux sociaux pour promouvoir le controversé oléoduc de TotalEnergies en Afrique de l’Est (EACOP).
Les plaignants estiment qu’en continuant d’intervenir pour le compte de clients polluants, non seulement WPP ne respecte pas ses propres engagements environnementaux, mais il contribue aussi à des dommages à l’échelle mondiale. Par ailleurs, cette plainte augmente considérablement les risques juridiques et commerciaux auxquels l’agence est exposée. Ainsi, dans son prospectus publié en octobre 2024 en vue de son introduction en Bourse aux Pays-Bas (p. 35), l’agence française de publicité Havas reconnaît avoir perdu sa certification B Corp « en raison de la fourniture de services par d’autres agences non liées au Groupe à un client du secteur des combustibles fossiles [Shell, NDLR] ». Elle ajoute qu’« une telle publicité négative et une telle atteinte à sa réputation peuvent nuire à la capacité du Groupe à attirer et à conserver des clients, des employés, des fournisseurs et d’autres partenaires ».