En galvanisant la liberté d’expression, la nouvelle politique de Meta va-t-elle promouvoir la vérité et la démocratie ?

Dans un message vidéo de 5 minutes, Mark Zuckerberg a annoncé le 7 janvier 2025 que Meta Platforms, la société de médias sociaux dont il est le P.-D.G., avait abandonné son programme de vérification des faits aux États-Unis (fact-checking program). Ce changement affectera Facebook, Instagram et Threads. Dans son allocution, l’homme d’affaires a déclaré : « Nous [avions] atteint un point où il y [avait] trop d’erreurs et trop de censure. Il est temps de revenir à nos racines autour de la liberté d’expression. » Le patron de Meta prévoit ainsi de remplacer son programme de vérification des faits visant à répondre aux affirmations douteuses publiées sur ses plates-formes par un système de « notes communautaires » (community notes), à l’instar de ce qui se fait sur X.

Pour Mark Zuckerberg, « les gouvernements et les médias traditionnels ont de plus en plus recours à la censure ». Il a ajouté dans sa vidéo que les systèmes complexes installés pour modérer les contenus font des erreurs et peuvent censurer accidentellement des publications. L’entreprise cessera donc de rechercher de manière proactive les discours de haine et autres types de violations des règles, et examinera ces publications uniquement sur la base des signalements des utilisateurs. Les gens pourront ainsi « mieux partager leurs croyances et leurs expériences » sur les plates-formes de Meta. L’entreprise supprimera notamment des restrictions sur de nombreux sujets comme l’immigration et l’identité de genre. Le niveau de censure sera ainsi considérablement réduit.

Le groupe va concentrer en priorité ses systèmes automatisés sur la suppression des « violations graves » et des contenus illégaux tels que le terrorisme, les drogues illicites et l’exploitation des enfants. L’entreprise déplacera aussi les équipes supervisant le respect des politiques de contenu en dehors de la Californie, pas assez ouverte à son approche, et en particulier au Texas. Au début du mois de janvier, Meta a annoncé qu’elle avait nommé le responsable politique républicain Joel Kaplan à la tête des affaires mondiales et, le 6 janvier, qu’elle avait élu Dana White, président d’Ultimate Fighting Championship (l’une des plus importantes ligues mondiales de MMA) et ami proche de Donald Trump, à son conseil d’administration.

Pour l’instant, Meta ne prévoit ces changements que pour le marché américain. Mark Zuckerberg a déclaré que l’élection présidentielle américaine avait été « un tournant culturel vers, une fois de plus, la priorité à la liberté d’expression ». Il souhaite donc travailler avec Donald Trump « pour faire reculer les gouvernements du monde entier qui s’en prennent aux entreprises américaines et poussent à une censure accrue ». Il considère l’Europe comme une zone où « un nombre toujours croissant de lois institutionnalisent la censure et rendent difficile la construction de quoi que ce soit d’innovant », et pense que « les pays d’Amérique latine ont des tribunaux secrets qui peuvent ordonner aux entreprises de retirer discrètement certaines choses ». La Commission européenne a déclaré qu’elle avait pris note de l’annonce de Meta et qu’elle continuerait de surveiller la conformité de la firme au sein de l’Union.