Le marché de la compensation carbone est confronté à des difficultés. Les prix spot des crédits REDD+ sont ainsi passés de 12,50 dollars par crédit en 2022 à 3,60 dollars en 2023. Les principales raisons de cette chute sont la baisse de la demande et l’incertitude quant à l’impact environnemental et humain de certains projets. Certains spécialistes estiment cependant que le marché volontaire du carbone devrait atteindre 950 milliards de dollars d’ici 2037, contre 2 milliards de dollars aujourd’hui.
Pour autant, Shell a prévu de changer d’orientation. Le groupe a ainsi annoncé le 13 novembre 2024 qu’il allait vendre une partie de son portefeuille de projets carbone reposant sur la nature. L’entreprise a lancé son portefeuille de crédits carbone en 2018 avec pour objectif d’atteindre 120 millions de crédits par an. En quelques années, la société est devenue le plus grand acheteur mondial de crédits carbone. Le groupe veut désormais affirmer sa réorientation vers les énergies fossiles, qui offrent des rendements élevés. Il a, du reste, déclaré le 4 décembre qu’il renonçait à tout nouveau projet éolien offshore. La multinationale norvégienne Equinor a pour sa part annoncé le 21 novembre qu’elle comptait réduire de 20 % les effectifs de sa division « Énergies renouvelables ». Cette décision affectera principalement l’éolien offshore.
Le secteur des énergies renouvelables semble d’ailleurs plonger dans l’incertitude. Altérra est le plus important fonds privé mondial pour lutter contre le changement climatique. Il a été créé par les Émirats arabes unis à l’occasion de la COP28. Le fonds prévoit de mobiliser 250 milliards de dollars d’ici 2030 en faveur de l’investissement climatique. Mais il peine à trouver des opportunités d’investissement, en particulier dans les pays en développement et les marchés émergents. Cette situation a été évoquée par son directeur général, Majid Al Suwaidi, en marge de la COP29. L’Afrique est particulièrement touchée par ce désamour, surtout en raison des difficultés des pays du continent à offrir des garanties financières solides. Malgré un énorme potentiel, elle attire moins de 2 % des investissements mondiaux dans les énergies renouvelables.
De son côté, TotalEnergies a annoncé le 4 décembre un accord pour acquérir le développeur de projets d’énergie renouvelable allemand VSB Group auprès de Partners Group, pour un montant total de 1,57 milliard d’euros. Fondé en 1996, VSB développe des projets d’énergie éolienne et solaire en Europe. L’entreprise compte aujourd’hui plus de 500 salariés. Elle dispose de plus de 475 MW de capacité renouvelable en exploitation ou en construction, et d’un portefeuille de projets de 18 GW dans les technologies éoliennes, solaires, et dans le stockage sur batterie. TotalEnergies s’est engagée à porter sa propre production d’énergie renouvelable à 35 GW en 2025. En achetant VSB, elle va faciliter l’atteinte de son objectif individuel, mais sans vraiment augmenter la capacité globale mondiale en énergie renouvelable.