Il est désormais largement admis que les nouvelles technologies (échanges de données, objets connectés, intelligence artificielle…) vont rapidement devenir l’un des principaux postes d’émission de gaz à effet de serre. Les géants du Web ont récemment pris des décisions pour limiter les rejets de GES de leurs centres de données. Ces mesures seront-elles suffisantes, tant la vitesse à laquelle se développent et se diffusent les nouvelles solutions est irrésistible et va à l’encontre de la sobriété préconisée par ailleurs ? Quoi qu’il en soit, l’efficacité énergétique des data centers existants (fonctionnement et refroidissement) et la décarbonation des bouquets énergétiques ne sont pas les seuls domaines sur lesquels les opérateurs peuvent et doivent intervenir.
Dans son rapport Data centers worldwide by country 2022, le site Statista dénombrait 7 924 centres de données à travers le monde. En mars 2024, il évaluait leur nombre à 10 331. La tendance haussière devrait se poursuivre, et même s’accélérer. La surface de ces infrastructures couvre plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de milliers de mètres carrés. Leur construction génère de grandes quantités de GES. Elles sont, pour l’essentiel, fabriquées à base d’acier et de ciment. La production de ces deux matériaux participe pour respectivement 7 et 8 % des émissions mondiales de carbone. Ces deux secteurs font l’objet d’actions qui diminuent l’empreinte carbone de leur production. Mais elles demeurent trop modestes au regard de l’enjeu climatique. Une amélioration significative nécessiterait des ruptures technologiques difficiles à déployer du fait de la dimension des installations.
Le 31 octobre 2024, Microsoft a dévoilé de nouvelles initiatives visant à réduire l’empreinte carbone de ses centres de données. L’une des principales consiste à utiliser du bois lamellé croisé (cross laminated timber, CLT) pour la construction de deux nouveaux centres dans le nord de la Virginie. Le CLT est un matériau en bois préfabriqué léger, ultra-résistant et résistant au feu. Il est fabriqué en collant des couches de bois empilées dans des directions croisées, qui sont ensuite pressées pour former un panneau. Il est habituellement produit à partir d’épicéa, de pin ou de sapin de Douglas.
Dans ces nouveaux centres de données, le CLT sera utilisé pour remplacer une partie du béton généralement utilisé pour les sols et les plafonds. Les bâtiments seront ainsi beaucoup plus légers et nécessiteront bien moins d’acier. Selon Microsoft, l’utilisation du CLT devrait réduire les émissions de carbone induites par la construction des installations de 35 % par rapport à une construction en acier classique et de 65 % par rapport à l’utilisation de béton préfabriqué.