Les ressources du sous-sol (minerais, hydrocarbures, eaux minérales naturelles…) sont une aubaine pour les finances des gouvernements et/ou des collectivités locales des pays, qui délivrent des autorisations d’exploitation et perçoivent des droits, le plus souvent importants. Le développement des énergies renouvelables et des nouvelles technologies a stimulé la demande de certains minerais. En conséquence, certains États ont revu leurs législations pour favoriser leur exploitation ou ont la tentation de le faire. L’ennui est que cela ne bénéficie pas toujours aux populations des pays, a fortiori à celles qui se trouvent à proximité de ces ressources. Elles en subissent même souvent les inconvénients : pollution, aliénation des droits fonciers ou des coutumes, corruption, criminalité, etc.
En novembre 2022, le gouvernement ghanéen a publié une directive autorisant l’exploitation minière dans les réserves forestières (LI 2462), y compris là où une riche biodiversité est ou pourrait être menacée. Selon l’Institut ghanéen des forestiers (GIF), des baux miniers ont été accordés sur environ 390 000 hectares dans l’année qui a suivi son adoption. La faiblesse de la répression et de la mécanisation a fait que la pratique de l’exploitation minière illégale à petite échelle, connue sous le nom de galamsey, s’est transformée en opérations illicites à grande échelle. De fait, début octobre 2024, une coalition de citoyens a organisé une manifestation de trois jours contre l’exploitation minière.
Les manifestants ont menacé de procéder à une paralysie totale du pays le 10 octobre. Le Trade Union Congress, qui réunit l’ensemble des syndicats du Ghana, a formulé trois revendications principales : retirer la loi LI 2462, déclarer l’état d’urgence pour lutter contre l’exploitation minière illégale et appliquer des mesures plus strictes pour l’éradiquer des réserves forestières. Les dirigeants syndicaux ont mis fin à la grève après des réunions avec le président et les ministres. Finalement, le 15 octobre, le président Nana Akufo-Addo a annoncé plusieurs mesures et, notamment, l’abrogation de la loi LI 2462.
Il a aussi adopté une directive visant à renforcer la présence militaire pour lutter contre l’exploitation minière illégale, et le gouvernement étudie avec le pouvoir judiciaire la possibilité d’augmenter le nombre de tribunaux chargés des délits liés à l’exploitation minière. Des associations comme la Coalition ghanéenne contre Galamsey ont déclaré qu’elles étaient déçues par la décision des syndicats d’annuler la grève et par la réponse du gouvernement. Elles précisent que les mesures que propose ce dernier pour lutter contre l’exploitation minière illégale ne sont pas nouvelles.