IA par-ci, IA par-là, l’intelligence artificielle est servie à toutes les sauces. Elle devrait notamment aider à considérablement maîtriser notre consommation d’énergie. Le paradoxe est que cette performance sera obtenue grâce à une dépense énergétique conséquente. Pour Sasha Luccioni, chercheuse canadienne en IA, l’intelligence artificielle générative consomme 30 fois plus d’énergie qu’un moteur de recherche traditionnel et pourrait, en l’état, accélérer la crise climatique.
Les principales sociétés technologiques ne s’y trompent pas. Les émissions de gaz à effet de serre de Google, par exemple, ont augmenté de 48 % en 2023 par rapport à 2019, et celle de Microsoft, de 29 % par rapport à 2020. Le 20 septembre 2024, la société Constellation a annoncé qu’elle avait signé un contrat d’achat d’électricité d’une durée de 20 ans avec Microsoft. Cet accord conduira au redémarrage de l’unité 1 de la centrale nucléaire de Three Mile Island, fermée depuis 2019 pour des raisons économiques. Cela permettra à Microsoft d’alimenter ses centres de données avec une énergie bas carbone et de se rapprocher des objectifs que l’entreprise s’est fixés. Pour mémoire, la centrale de Three Mile Island (l’unité 2) a été, en 1979, la cause du premier accident nucléaire mondial à atteindre l’indice de gravité 5 sur l’échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques).
De plus, les données rendues disponibles par des ONG comme le Sierra Club et des sociétés de conseil montrent que les projets de centrales de production d’électricité à partir du gaz naturel ont atteint aux États-Unis leur rythme le plus rapide depuis plusieurs années, selon un article de l’agence Bloomberg du 16 septembre, et ce, en partie à cause de l’IA. Au cours des six premiers mois de l’année, les entreprises énergétiques ont ainsi annoncé leur intention de construire plus de nouvelles capacités de production d’électricité à partir du gaz que durant toute l’année 2020. Plus de 200 centrales au gaz sont à ce jour à divers stades de développement aux États-Unis et devraient démarrer d’ici 2032. Par ailleurs, certains énergéticiens devraient ralentir la mise hors service de leurs centrales. Une fois mises en service, ces nouvelles centrales fonctionneront probablement pendant 40 ans ou plus.