La consommation d’énergie associée à l’explosion de l’intelligence artificielle pourrait relancer la course aux crédits carbone naturels

L’intelligence artificielle est l’un des grands enjeux identifiés par de très nombreuses entreprises. Les promesses sont mirifiques. Mais les risques ne sont pas moins considérables : atteinte aux libertés individuelles, plagiat, fausses nouvelles ou « infox », concentration des technologies entre les mains de quelques-uns, énormes besoins en énergie… Cette technologie, couplée avec l’explosion des objets connectés, devrait avoir un énorme impact sur la consommation énergétique mondiale et, de fait, sur les rejets de gaz à effet de serre.

Dans ce contexte, le 22 mai 2024, Google, Meta, Microsoft et Salesforce ont fondé Symbiosis. Cette coalition s’engage à conclure des contrats d’élimination du carbone d’origine naturelle de haute qualité. Ces contrats atteindront au moins 20 millions de tonnes de crédits d’ici 2030. Cette initiative intervient alors que le marché volontaire du carbone fait l’objet de nombreuses polémiques et d’une surveillance accrue de la part d’organisations en raison d’allégations de greenwashing, de violations des droits humains et d’un manque de transparence.

La coalition a indiqué que dans un premier temps, elle se concentrera sur le boisement, le reboisement et la revégétalisation. Les projets carbone répondront aux normes de qualité les plus élevées pour la planète et les populations. Symbiosis partagera également des critères de qualité clairs qu’elle mettra à jour si nécessaire. L’organisation communiquera de manière transparente avec le grand public. Elle affirme aussi qu’elle a travaillé avec des experts indépendants pour établir des lignes directrices garantissant sa responsabilité et le partage des bénéfices avec les communautés locales.

Ces précisions sont importantes, puisque les griefs formulés à l’encontre de cette technique sont fort nombreux. Rappelons-les brièvement. S’il ne fait aucun doute que les écosystèmes sur la planète méritent d’être entretenus, voire restaurés, les initiatives qui y contribuent ne doivent pas entrer, pour une part autre que résiduelle, dans l’évaluation des efforts fournis par les entreprises pour diminuer leurs émissions directes, indirectes et induites de GES. Par ailleurs, de nombreux projets soulèvent des doutes quant à leur efficacité à court terme et, a fortiori, à long terme. Troisièmement, plusieurs initiatives, même lorsqu’elles ont été parrainées par d’éminentes institutions, ont fait ressortir des violations des droits humains (déplacements de populations autochtones, réduction de leurs droits fonciers, sévices…). Enfin, certains projets ont donné lieu à des escroqueries… Les précisions apportées par la coalition sont donc importantes, mais il ne s’agit, pour l’instant, que d’engagements dont il faudra vérifier les suites.