Le 5 juin 2024, la police fédérale brésilienne a mis en place une opération visant Ituxi, le promoteur de certains des plus grands projets de crédits carbone en Amazonie brésilienne. Les autorités ont découvert que le groupe avait lancé des programmes dans des zones qu’il s’était appropriées illégalement, empochant 180 millions de reais (31 millions d’euros) grâce à la vente de crédits carbone « pourris ». Ituxi possède cinq projets REDD+ en Amazonie brésilienne qui couvrent 400 000 hectares. REDD+ est un mécanisme coordonné par les Nations unies qui a pour but de réduire les émissions dues à la déforestation et à la dégradation des forêts. Des crédits carbone sont alors générés.
La police a ciblé trois projets (Fortaleza Ituxi, Unitor et Evergreen) situés dans les municipalités de Lábrea et Apuí, au sud de l’État d’Amazonas. Les projets ont été développés par la société brésilienne Carbonext et certifiés par Verra. Le groupe utilisait ces zones non seulement pour générer des crédits carbone, mais aussi pour délivrer de faux documents afin de blanchir du bois provenant d’autres espaces illégalement déboisés. La police affirme qu’Ituxi s’est emparé de plus de 500 000 hectares de terres publiques dans le sud de l’Amazonas.
La multiplication des scandales autour du marché des crédits carbone a refroidi les amateurs de ce type de produit. Selon le rapport 2024 intitulé State of the Voluntary Carbon Market, publié le 30 mai 2024 par l’organisation Ecosystem Marketplace (EM), le volume global des transactions sur le marché du carbone a diminué de 56 % en 2023 après avoir chuté de 51 % en 2021. Entre 2022 et 2023, la baisse en valeur est de 61 %. Sur la base de recherches effectuées auprès d’acheteurs et de vendeurs de crédits carbone ainsi que d’organismes intermédiaires, EM a déduit que l’un des principaux facteurs à l’origine du déclin du marché était l’analyse minutieuse de la crédibilité des projets de compensation par les médias.
Le journal britannique The Guardian a mené plusieurs travaux sur cette question. Le 19 septembre 2023, le média a publié une nouvelle enquête en partenariat avec l’ONG Corporate Accountability dans laquelle il conclut que plus des trois quarts des projets de compensation des émissions de carbone les plus populaires au monde étaient « probablement indésirables », et que la plupart des autres pourraient également être « problématiques ».