BIC fait l’objet d’un recours collectif aux États-Unis pour ne pas avoir informé ses clients qu’elle utilisait des PFAS dans ses rasoirs

Les per- et polyfluoroalkylées, plus connus sous le nom de PFAS, font beaucoup parler d’eux depuis quelques mois, surtout depuis le dépôt d’une proposition de loi, le 20 février 2024 en France, par le député écologiste Nicolas Thierry. Initialement, le texte prévoyait d’interdire un certain nombre de produits contenant des PFAS d’ici le 1er juillet 2025, et tout produit comportant cette substance (à l’exception d’une liste définie par décret) d’ici le 1er juillet 2027. À la suite de nombreuses réactions, et notamment des protestations, à l’unisson, du directeur général de SEB, des syndicats du groupe et de ses salariés, la proposition a été amendée.

Le texte, qui sera discuté en seconde lecture à l’Assemblée nationale, prévoit désormais l’interdiction, d’ici le 1er juillet 2026, de la plupart des textiles d’habillement, chaussures et agents imperméabilisants de produits textiles d’habillement et de chaussures, du fartage des skis et de tout produit cosmétique contenant des PFAS. Les autres textiles seront prohibés à partir du 1er janvier 2030. Les produits destinés à entrer en contact avec les denrées alimentaires comportant des PFAS, parmi lesquels les ustensiles de cuisine, ont été retirés de la liste.

Les PFAS sont une famille de plusieurs milliers de composés chimiques. Ils ont la particularité d’être très persistants dans l’environnement (dans l’eau, l’air, les sols, les sédiments). C’est pourquoi on les classe parmi les « polluants éternels ». Les caractéristiques de danger de ces substances ne présentent pas toutes les mêmes niveaux de préoccupation pour la santé et l’environnement. Mais les travaux sur ces composés se multiplient en France et à l’étranger. C’est le cas aux États-Unis, où une attention particulière est apportée à la transparence des entreprises en matière de communication à l’intention des consommateurs.

En juin 2023, des chercheurs de l’université de Californie à San Francisco ont publié une étude qui décrivait les efforts déployés par 3M et DuPont pour dissimuler les risques associés aux PFAS. En juillet de la même année, 3M a accepté de verser 10,3 milliards de dollars étalés sur une période de 13 ans à des villes et services publics d’approvisionnement en eau aux États-Unis afin de tester et de traiter la contamination des eaux par les PFAS. La société n’a cependant pas reconnu sa responsabilité dans cet accord. Mais elle fait l’objet de milliers de poursuites pour contamination au PFAS, tout comme Chemours, DuPont et Corteva.

Le 27 novembre 2023, un juge fédéral de l’Ohio a néanmoins rejeté un recours collectif contre 3M, DuPont, Chemours et d’autres fabricants de produits chimiques, qui alléguait que les entreprises étaient responsables de la contamination par les PFAS dans l’État. Le juge a estimé que le plaignant ne pouvait pas associer les produits chimiques présents dans son sang aux dix accusés.

Toujours aux États-Unis, le 15 mai 2024, une action collective a été déposée auprès d’une cour de district californienne contre BIC USA. La société est accusée de ne pas avoir indiqué que ses rasoirs contiennent des « produits chimiques permanents », étant entendu, souligne la plainte, que ceux-ci peuvent être nocifs pour la santé humaine et l’environnement, même à de faibles niveaux. En réalité, BIC avait, peu de temps auparavant, divulgué l’utilisation de PFAS dans ses rasoirs, mais au Département de la protection de l’environnement du Maine, conformément à la loi en vigueur dans l’État. L’association Defend Our Health a pu avoir accès à cette information grâce au Freedom of Access Act de l’État. Le PFAS (en l’occurrence du téflon) recouvre les lames des rasoirs afin de réduire la friction entre les lames et la peau. Les plaignants reprochent donc à BIC de ne pas avoir informé les consommateurs que ses produits contiennent un PFAS. Cette action intervient alors que l’Environmental Protection Agency (EPA) vient d’annoncer la toute première norme nationale visant à lutter contre les PFAS dans l’eau potable, et que de nombreuses actions fédérales sont actuellement menées pour diminuer l’exposition des personnes à ces substances.