Les événements dramatiques qui ont lieu à Gaza conduisent des organisations à faire pression sur les entreprises qui entretiennent des liens avec des sociétés ou le gouvernement israéliens

Lors de l’assemblée générale d’AXA, qui s’est déroulée le 23 avril 2024, un actionnaire a fait référence à l’intervention militaire israélienne dans la bande de Gaza. Il a interrogé le président de séance sur les investissements du groupe dans des entreprises israéliennes (en particulier dans la banque Hapoalim) et a accusé la compagnie d’assurance d’être complice de crimes de guerre. Le président de séance, Antoine Gosset-Grainville, a répliqué en affirmant que tous les investissements du groupe respectaient les réglementations. Cette réponse ne pouvait satisfaire l’actionnaire ni entrer dans le champ de la RSE, qui implique notamment de renoncer à certaines pratiques, même si elles sont légales. Le directeur général du groupe, Thomas Buberl, a ajouté que l’entreprise n’avait aucun investissement, direct ou indirect, dans les banques israéliennes, et qu’elle n’était pas présente en Israël au titre d’assureur.

Ce n’est pas la première fois que le groupe est interpellé quant à la nature de ses investissements financiers. En 2006 par exemple, la compagnie avait été interrogée sur sa politique d’investissement dans les mines antipersonnel, les bombes à fragmentation, les armes nucléaires, l’uranium appauvri, les armes chimiques et le phosphore blanc. En 2017, elle avait été questionnée à propos de son soutien financier à des sociétés participant à la colonisation des territoires palestiniens par Israël. Quelques semaines auparavant, 8 organisations avaient publié une étude indiquant que 5 groupes financiers français (BNP Paribas, Crédit agricole, Société Générale, BPCE et AXA) étaient concernés par ce sujet. AXA n’est pas la seule firme à être interpellée pour ses activités susceptibles d’être associées à des violations des droits des populations palestiniennes.

Le 16 avril, la campagne No Tech for Apartheid Campaign a organisé des rassemblements devant les bureaux de Google à New York et à Sunnyvale (Californie). Cette initiative poussait l’entreprise à abandonner son contrat de cloud computing avec le gouvernement et l’armée israéliens, appelé Projet Nimbus. Il s’agit d’un contrat de 1,2 milliard de dollars signé en 2021 et faisant intervenir Google et Amazon. Il consiste à fournir des solutions informatiques au gouvernement israélien. Ce dernier aura aussi un accès complet à la technologie d’intelligence artificielle et d’apprentissage automatique de Google Cloud. Les initiateurs de la campagne craignent que cette technologie puisse être utilisée par le ministère de la Défense israélien. Lors du sit-in du 16 avril, 9 employés de Google ont été arrêtés pour intrusion dans les locaux de l’entreprise.

Depuis, ce seraient plus de 50 salariés qui auraient été licenciés pour avoir pris part aux récentes manifestations, selon No Tech. Le porte-parole de l’entreprise a déclaré qu’il avait fallu du temps pour identifier certains participants dont les visages étaient dissimulés et qui ne portaient pas leur badge d’employé. Il a précisé que chacun avait été personnellement impliqué dans des activités perturbatrices à l’intérieur des bâtiments. Les initiateurs de la campagne affirment de leur côté que certaines des personnes licenciées n’avaient pas directement participé aux événements. Ils soutiennent que la société s’en est pris à tous les travailleurs qui se trouvaient physiquement à proximité de la manifestation. Pour mémoire, en 2018, le développement de Maven, un projet militaire contesté, avait conduit à la démission de salariés de Google et à l’abandon dudit projet par l’entreprise.