Fin 2023, le gouvernement bangladais a revalorisé le salaire minimum du secteur du textile. Malgré un coup de pouce accordé par rapport à une première proposition, de violentes manifestations ont éclaté pour protester contre la faiblesse de l’augmentation qui laissait ce salaire minimum largement en dessous d’un salaire décent. Plusieurs personnes ont été tuées, et de nombreuses autres ont été incarcérées.
Des organisations comme l’Ethical Trading Initiative (ETI), qui réunit des ONG, des syndicats, mais aussi des entreprises, ont exprimé leur inquiétude quant au nombre d’arrestations et de procès contre les travailleurs qui ont suivi ces manifestations. Le 18 mars 2024, l’American Apparel & Footwear Association (AAFA), qui revendique plus de 1 000 grandes marques parmi ses membres, a publié une lettre ouverte à l’attention de la Première ministre bangladaise Sheikh Hasina. Dans cette lettre, l’AAFA demande officiellement que les manifestants toujours détenus soient libérés, que les infractions pénales qui ont été prononcées à leur encontre soient abandonnées et que le gouvernement enquête sur les violences qui ont entraîné la mort de travailleurs lors des manifestations.
Mais pour inciter les sociétés à passer des paroles aux actes, le 5 avril, le collectif international historique sur la question des droits sociaux dans la filière textile, la Clean Clothes Campaign (CCC), a fermement exhorté les grandes marques de mode et de sport à s’activer et à faire pression sur leurs fournisseurs pour que ces derniers renoncent aux poursuites pénales engagées contre les travailleurs et les dirigeants syndicaux à la suite des manifestations. Cette demande s’inscrit dans la droite ligne des attentes des acteurs de la première heure en matière de responsabilité élargie des entreprises, à savoir que les grandes marques usent de leur influence pour faire évoluer les pratiques sociales et environnementales de leurs fournisseurs.