Le 1er mars 2024, l’International Resource Panel (IRP) du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a publié son rapport The Global Resources Outlook 2024. Ce document illustre comment, depuis l’édition de 2019, les tendances à la hausse de l’utilisation des ressources mondiales se sont poursuivies, voire accélérées.
La consommation croissante des ressources (combustibles fossiles, minéraux, minéraux non métalliques, biomasse) est le principal moteur de la triple crise planétaire (changement climatique, perte de biodiversité, pollution et déchets). Cela représente plus de 55 % des émissions de GES et 40 % des impacts sur la santé dus aux particules. La biomasse (cultures agricoles et foresterie) est à l’origine de plus de 90 % de la perte totale de biodiversité et du stress hydrique liés à l’utilisation des terres.
L’emploi de matériaux a plus que triplé au cours des 50 dernières années et continue de croître de plus de 2,3 % par an en moyenne. Le rythme est plus rapide que l’augmentation du bien-être tel qu’il est mesuré avec l’indice de développement humain ajusté selon les inégalités (IDHI). Le bâti et la mobilité sont les principaux facteurs qui président à la hausse de la demande, suivis par les systèmes alimentaires et énergétiques. Sans une action urgente et concertée, l’extraction des ressources matérielles pourrait progresser de près de 60 % d’ici 2060 par rapport à 2020, dépassant de loin ce qui est nécessaire pour répondre aux besoins essentiels de tous.
Les pays à revenu élevé utilisent 6 fois plus de matériaux par habitant que les pays à faible revenu, et leur impact climatique par personne est 10 fois plus important. Leur empreinte matérielle par personne est restée relativement constante depuis 2000. Celle des pays à revenu intermédiaire supérieur a plus que doublé et se rapproche des niveaux des pays à revenu élevé. L’utilisation des ressources par habitant dans les pays à faible revenu et les impacts environnementaux qui en résultent sont toujours relativement faibles et presque inchangés depuis 1995. À travers le commerce mondial, les pays à revenu élevé déplacent leurs impacts environnementaux vers les autres groupes de pays.
Des mesures coordonnées pourraient atténuer la croissance de l’utilisation des matériaux de 30 % d’ici 2060 par rapport aux tendances historiques. Quant aux émissions de GES, elles pourraient être réduites de plus de 80 % par rapport à leurs niveaux actuels. Le rapport rejette l’hypothèse selon laquelle la satisfaction des besoins humains essentiels devrait nécessiter beaucoup de ressources.
L’approche dominante actuelle consiste à concentrer les initiatives sur l’offre. Celles-ci devraient être complétées avec une forte augmentation des mesures menées au niveau de la demande. Cela permettrait en même temps d’aborder les questions d’équité et de satisfaction des besoins mondiaux. Les actions pourraient par exemple promouvoir un changement des habitudes alimentaires (en réduisant les denrées à fort impact), réduire les besoins de mobilité et augmenter le transport partagé, soutenir le développement de quartiers compacts et équilibrés qui utilisent davantage de matériaux de construction recyclés et prolongent leur durée de vie.