Au Cameroun, Canal+ censure ses programmes pour se conformer à la loi sur l’homosexualité

Sous la pression des acteurs de la société civile et de certains investisseurs, les entreprises promeuvent la diversité et l’inclusion. Mais certaines dimensions sont sous tension, comme l’attestent les campagnes de boycott et de violence qui, aux États-Unis, ont répondu cette année à la campagne de promotion de l’enseigne de grande distribution Target lors du mois des fiertés. Cette séquence s’est traduite par une chute de 20 % du titre et une action en justice de l’un de ses actionnaires, qui attribue cette baisse à la position de la firme.

Comme un nombre grandissant d’entreprises, le groupe Canal+ (groupe Vivendi) intègre la cause LGBTQ+ dans sa politique de diversité. La chaîne programme ainsi depuis plusieurs années le mois des fiertés. Mais au Cameroun, le Conseil national de la communication (CNC) a ordonné le 22 septembre la suspension de Canal+ Elles pour diffusion de programmes à tendance homosexuelle. Cette décision fait suite à une première mise en garde ayant eu lieu le 12 juin 2023 et qui n’aurait pas eu de résultats, selon le CNC. Rappelons que la loi camerounaise considère l’homosexualité et la promotion de l’homosexualité comme un crime.

L’entreprise a répondu à cette suspension en disant que des mesures avaient été prises pour filtrer les contenus susceptibles de déroger aux valeurs de la république camerounaise, comme les contenus à caractère homosexuel, et ce, dès les premiers courriers du régulateur. Le 9 octobre, le CNC a annoncé avoir levé la suspension de la diffusion de Canal+ Elles. Il justifie sa décision par « l’engagement formel [de l’opérateur] de mettre en œuvre un train de mesures visant pour l’avenir à éviter de telles dérives sur l’ensemble des chaînes du bouquet Canal+ International ». Cet épisode montre aussi que les valeurs affichées par une entreprise ne résistent pas toujours à l’intérêt commercial.