Le 22 juin 2023, l’entreprise chimique américaine 3M a accepté de verser 10,3 milliards de dollars sur une période de 13 ans à des villes et services publics d’approvisionnement en eau afin de tester et de traiter la contamination des eaux par les PFAS (per- et polyfluoroalkylées). Ces substances chimiques sont utilisées dans de nombreux domaines industriels et produits de consommation courante pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes et résistantes aux fortes chaleurs. Leur caractère très persistant (« produits chimiques éternels ») entraîne une contamination de tous les milieux. Elles provoquent une augmentation du taux de cholestérol, peuvent causer des cancers, avoir des effets sur la fertilité et sont suspectées d’interférer avec le système endocrinien et immunitaire.
La société 3M fait l’objet de milliers de poursuites pour contamination au PFAS, mais n’a pas reconnu sa responsabilité dans cet accord. D’autres actions engagées par des particuliers et par des États américains ne sont pas incluses dans la transaction. L’entreprise a prévu d’arrêter la production de PFAS d’ici 2025. Trois autres grandes firmes chimiques étatsuniennes (Chemours, DuPont de Nemours et Corteva) font aussi l’objet de poursuites pour les mêmes raisons.
Autour de cette question, des chercheurs de l’université de Californie à San Francisco ont publié en juin une étude qui décrit les efforts déployés par 3M et DuPont pour dissimuler les risques associés aux PFAS. Les scientifiques se sont penchés sur des notes de service internes, de la correspondance externe, les résultats d’études scientifiques, etc. qui s’étendent sur une période d’une cinquantaine d’années. Ces documents avaient été obtenus auparavant grâce à une ordonnance de tribunal réclamée par l’avocat environnementaliste Robert Bilott.
Les chercheurs ont découvert que les responsables de l’industrie avaient attendu au moins deux décennies – de 1970 aux années 1990 – avant de divulguer au public les méfaits de ces produits chimiques. Les documents examinés comprennent en particulier une note confidentielle de mars 1981 dans laquelle les responsables de DuPont identifient 50 femmes de l’usine de Parkersburg (Virginie-Occidentale) ayant été exposées à des produits chimiques C8 (acide perfluorooctanoïque, une sous-famille des PFAS). Un autre fichier secret daté d’avril de la même année montre que les responsables de l’entreprise savaient que 2 bébés sur 8 nés de femmes employées à Parkersburg avaient des malformations oculaires.