Le Bangladesh s’apprête à voter de nouvelles lois qui devraient permettre une meilleure protection des forêts

Les mangroves sont des écosystèmes très particuliers. Pour l’essentiel, elles sont constituées de palétuviers capables de s’adapter à une vie en eau saumâtre. Elles se développent dans les régions tropicales et subtropicales, dans les zones de balancement des marées, à la frontière entre les mondes marin et terrestre. Elles préservent les espèces animales (notamment les larves) qui y trouvent un refuge contre les prédateurs, ont une forte capacité d’absorption du carbone, contribuent à la dépollution des eaux, opposent un rempart naturel contre les vagues et le vent, et protègent contre l’érosion des littoraux.

Mais les mangroves sont menacées. Lors de la Journée internationale pour la conservation de l’écosystème des mangroves qui s’est tenue le 26 juillet 2022, l’Unesco a précisé que les mangroves disparaissaient trois à cinq fois plus vite que le reste des forêts mondiales et que leur couverture avait été divisée par deux au cours des 40 dernières années. De nombreux facteurs en sont la cause : expansion des bassins d’aquaculture (poissons, crevettes), exploitation du bois, développement d’infrastructures côtières… Le Bangladesh, dont la population côtière est très dense, abrite la plus grande forêt continue de mangroves au monde dans la réserve des Sundarbans.

L’ensemble du couvert forestier du Bangladesh a terriblement souffert. Certaines études estiment que la moitié des forêts du pays ont été détruites au cours des 20 dernières années. Mais le gouvernement bangladais vient d’annoncer qu’il avait préparé deux projets de loi pour remplacer le Forest Act de 1927. Aujourd’hui, ce texte donne la possibilité au département des Forêts de vendre du bois aux enchères et de délivrer des permis pour exploiter le poisson, les fruits, le miel et le bois des Sundarbans, qui abritent plusieurs espèces menacées comme le crocodile marin, le python indien et le tigre du Bengale. À ce titre, chaque année, le gouvernement fixe des objectifs au département des Forêts.

Avec ces nouvelles lois, le Bangladesh espère changer de paradigme. Le premier projet autoriserait les responsables forestiers à conserver les forêts et à y protéger la biodiversité. Le second interdirait l’abattage d’arbres, même en dehors des forêts. Les organisations locales rappellent néanmoins que l’application sincère et impartiale d’une législation est plus importante que l’élaboration d’une nouvelle loi. Ces lois seront probablement adoptées lors de la prochaine session du Parlement (Jatiya Sangsad) à partir de juin.