Un projet ferroviaire au Mexique provoque de vives réactions ainsi que la visite du Tribunal international pour les droits de la nature

En 2018, le gouvernement mexicain a lancé un chantier titanesque : le Train maya (Tren maya). Il en est actuellement au stade du terrassement et devrait être livré en 2024. Cette voie ferrée fera une boucle de 1 500 kilomètres à travers cinq États du sud-est du pays. Cette zone se distingue par la richesse de ses sites archéologiques et naturels, mais aussi par la pauvreté qui affecte une grande partie de sa population. Le gouvernement espère développer ces régions en y attirant les touristes. Le montant de l’investissement est estimé à 200 milliards de pesos (10 milliards d’euros).

Néanmoins, de nombreuses organisations (écologistes, humanitaires, communautaires) dénoncent le saccage de la nature (forêt tropicale, aquifères, systèmes de rivières, grottes souterraines…), la fragmentation de l’habitat d’espèces menacées (comme le jaguar) et l’appropriation de territoires appartenant historiquement aux communautés mayas. Officiellement, une très large majorité des habitants des zones traversées se sont prononcés en faveur du Train maya (90 %). Mais en réalité, ils ont été peu informés quant à cette consultation. Le taux de participation n’a d’ailleurs été que de 2,36 %. Les artisans craignent de perdre leur travail à cause de l’installation des nouveaux restaurants et boutiques pour touristes. Une petite trentaine de recours ont été engagés par des communautés indigènes ou paysannes qui jugent que leur mode de vie est menacé par le chantier. Ils se sont avérés infructueux jusqu’à présent.

Le 10 mars 2023, un panel indépendant de juristes, de scientifiques et d’autres experts en environnement a commencé à collecter des faits liés à ce projet de chemin de fer. Ce groupe, baptisé Tribunal international pour les droits de la nature, a été créé pour promouvoir un mouvement juridique fondé sur le principe que la nature possède des droits juridiques (d’exister, de se régénérer…). Le mandat du tribunal est d’enquêter sur les violations présumées de ces droits. Il s’appuie sur la Déclaration universelle des droits de la Terre mère. Le tribunal publiera un rapport et un jugement non contraignants à l’issue de sa visite.