Pourquoi ne pas s’inspirer des expériences menées par les communautés autochtones pour impulser un développement durable ?

Parce que souvent, ils s’appuient sur une relation harmonieuse avec la nature, les projets socio-économiques des populations autochtones peuvent être riches en enseignements pour un développement durable. C’est le cas pour les Premières Nations des forêts pluviales du Grand Ours (Great Bear Rainforest) et de l’archipel Haida Gwaii (Colombie-Britannique, Canada).

Un rapport paru fin janvier 2023 fait le point sur les projets développés au cours des 15 dernières années par 27 Premières Nations sur ce territoire de 6,4 millions d’hectares. Ce programme global a initialement été lancé pour empêcher l’exploitation forestière non durable qui prospérait dans cette région abritant l’iconique ours Kermode ainsi que d’autres espèces rares. L’industrie coupait à blanc les arbres anciens sur de vastes étendues avant de transporter le bois ailleurs en prévision de sa transformation. Des décennies d’exploitation forestière ont également décimé le saumon dans de nombreux cours d’eau.

Le programme est maintenant autonome d’un point de vue financier. Les Premières Nations ont investi près de 109 millions de dollars canadiens (74 millions d’euros) pour 439 projets environnementaux et/ou économiques. Ceux-ci comprennent notamment des projets de recherche, de restauration de l’habitat et de gardiennage de la zone. À ce jour, ils ont généré 296 millions de dollars canadiens d’investissements supplémentaires. Les financements ont aussi permis de créer 123 entreprises dirigées par des autochtones et de développer des projets d’infrastructures durables et d’énergies renouvelables.

Les Premières Nations ont également mené 389 initiatives de recherche et de restauration d’habitats dont elles se partagent le pilotage et qui profitent à 75 espèces animales de la région. Parmi ces programmes, nous pouvons citer la réintroduction de l’autour des palombes, l’oiseau emblématique de l’archipel Haida Gwaii, gérée par le Conseil de la Nation Haida ; un relevé aérien des chèvres de montagne dans la réserve du Nass a été réalisé par la nation Nisg̲a’a ; la nation Gitga’at s’est occupée du suivi des déplacements des baleines, etc. Grâce aux financements dégagés, 18 programmes de gardiens ont aussi été mis en place pour surveiller le territoire et éloigner les braconniers.