Les peuples autochtones constituent environ 5 % de la population mondiale. Les territoires sur lesquels ils vivent abriteraient quelque 80 % de la biodiversité mondiale. Depuis plusieurs années, de nombreux rapports soulignent leur rôle déterminant dans la protection des écosystèmes et, plus encore, celui qu’ils pourraient jouer si leurs voix étaient davantage écoutées.
Cela semble avoir été le cas lors de la COP15 sur la biodiversité qui s’est terminée le 19 décembre 2022 à Montréal. Le Forum international autochtone sur la biodiversité (International Indigenous Forum on Biodiversity – IIFB) a ainsi salué le texte final et « la reconnaissance opportune des contributions, des rôles, des droits et des responsabilités des peuples autochtones et des communautés locales envers la Terre mère dans le cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal ».
Certaines organisations, et notamment Amnesty International, ont cependant laissé paraître leur déception et leurs craintes. Pour l’ONG, l’accord n’a pas formellement pris en compte une demande essentielle des peuples autochtones, à savoir que « leurs terres et territoires soient pleinement reconnus comme une catégorie d’aires conservées ». En effet, elle souligne que des communautés sont parfois les victimes de restrictions et de violations de leurs droits fondamentaux dans le cas de développement ou de gestion de parc nationaux ou régionaux, et/ou de projets visant à protéger la nature.
Ce manque de fermeté fragilise les engagements pris, en particulier quant à la cible 3 qui a pour but de préserver au moins 30 % des zones terrestres, des eaux intérieures et des zones côtières et marines d’ici 2030. Des représentants autochtones ont également déploré que la question du financement soit abordée différemment selon les écosystèmes concernés. Il en a beaucoup été question pour les forêts lors des discussions, mais beaucoup moins pour les savanes, par exemple, alors que tous les écosystèmes sont liés.