Le 31 janvier 2022, des investisseurs ont déposé auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC) des États-Unis un projet de résolution sur la diversité au sein du groupe Walt Disney Company en vue de son assemblée générale qui se déroulera le 9 mars prochain. Ils demandent à l’entreprise d’établir « un rapport sur les écarts de rémunération – médians et corrigés – selon la « race » et le genre, qui comprend les risques associés en matière de politique, de réputation, de concurrence et d’exploitation ainsi que les risques liés au recrutement et à la conservation des talents issus de la « diversité » ».
Pour les investisseurs, le salaire médian est un élément incontournable dans l’analyse de l’équité salariale, car il est considéré comme valable pour mesurer l’égalité salariale entre les sexes par le Bureau du recensement et le ministère du Travail des États-Unis, par l’OCDE et par l’Organisation internationale du travail (OIT). L’écart corrigé, quant à lui, évalue la différence entre ce que les minorités et les femmes perçoivent par rapport à leurs pairs, ajusté selon un certain nombre de facteurs tels que le poste occupé, l’ancienneté et le lieu de travail.
Le conseil d’administration estime que le fait de revoir régulièrement les pratiques de rémunération de l’entreprise et de rendre compte de la diversité de sa main-d’œuvre est suffisant. Pour les actionnaires, cela est tout à fait incomplet. Sans rapport annuel, les parties prenantes doivent faire confiance aux mesures internes prises par le groupe. Du reste, les employés contestent son engagement à résoudre les différences de rémunération et à divulguer de manière transparente les écarts identifiés. Au cours des dernières années, Walt Disney Company a fait face à plus de vingt-cinq mille allégations de « discrimination salariale généralisée entre les sexes » entourées d’opacité de la part d’employés actuels ou anciens. Ces accusations ont donné lieu à un recours collectif. Pour les auteurs de la résolution, seules des données concrètes et quantitatives relatives aux écarts salariaux amélioreront la confiance envers l’entreprise et sa transparence. Ce type de données permettra aussi aux investisseurs de comparer les progrès faits d’une année sur l’autre en matière d’équité salariale.
Cette préoccupation des investisseurs prend de l’ampleur aux États-Unis et au Royaume-Uni. C’est également le cas dans d’autres pays tels que la France, où l’approche de la diversité rencontre cependant des obstacles juridiques, notamment sur la diversité ethnique. Toutefois, des initiatives intéressantes sont prises pour pallier cette difficulté, en témoigne la première édition du baromètre de la diversité des grandes entreprises françaises mis en place par le Club 21e siècle et le cabinet McKinsey & Company. Une présentation de cette étude a été organisée par le Forum pour l’Investissement Responsable (FIR) le 14 janvier dernier.