Le Federal Retirement Thrift Investment Board (FRTIB) administre le Thrift Savings Plan (TSP), un plan d’épargne-retraite et d’investissement destiné aux employés fédéraux étasuniens. En avril, il comptait environ 6 millions d’adhérents et représentait 735 milliards de dollars d’actifs sous gestion. Mais, dans un rapport rendu public en juin qui fait suite à une enquête du Congrès des États-Unis, le Government Accountability Office (GAO), l’organisme d’audit, d’évaluation et d’investigation du Congrès chargé du contrôle des comptes publics du budget fédéral, a conclu que le conseil d’administration du FRTIB n’avait pas mesuré de manière exhaustive les risques que le changement climatique faisait peser sur ses investissements.
De son côté, le FRTIB affirme que ses stratégies d’investissement tiennent déjà compte de ces risques, car elles s’appuient sur des indices boursiers qui sont invités à divulguer les risques climatiques. De plus, la loi régissant le régime de retraite soulève des difficultés techniques. En effet, elle interdit au conseil d’administration d’orienter les investissements vers des actifs spécifiques ou d’exercer les droits de vote associés aux titres. Cela étant, le conseil d’administration du FRTIB a consenti à faire, avec le soutien de consultants, une analyse des fonds dans lesquels il investit au cours du prochain exercice budgétaire qui débutera en octobre.
Mais certaines personnalités politiques veulent aller plus loin, car elles estiment que la position défendue par le régime de retraite fait peser un risque inacceptable sur les employés et retraités fédéraux, actuels et futurs. C’est le cas du sénateur de l’Oregon, Jeff Merkley, qui pousse le législateur à instituer des comités consultatifs pour évaluer les risques climatiques et, de fait, susceptibles d’ouvrir la voie à des solutions qui excluraient des portefeuilles tout investissement dans des sociétés de combustibles fossiles. Mais le conseil d’administration du TSP s’est toujours opposé à cette proposition, prétextant qu’elle viderait de son sens le concept d’investissement passif. De son côté, le GAO réplique qu’en Grande-Bretagne, au Japon et en Suède, les plans de retraite utilisent également une stratégie d’investissement passive, mais prennent néanmoins des mesures pour réduire l’exposition au climat. En Suède, par exemple, ces organismes dénoncent publiquement les entreprises pétrolières qui explorent en zone arctique ou qui s’opposent aux législations de lutte contre le changement climatique.