Jeudi 19 novembre, dans la soirée, un homme noir est décédé dans le parking souterrain d’un hypermarché Carrefour de Porto Alegre (Brésil) après avoir été battu à mort par deux agents de sécurité, dont l’un était un officier de police militaire employé en tant qu’intérimaire. Les deux agents étaient des hommes blancs travaillant pour la société brésilienne Vector, spécialisée dans la sécurité et agissant comme prestataire du groupe. Les faits sont survenus après que l’homme, qui faisait ses courses en compagnie de son épouse, s’est disputé avec une employée du magasin. La scène, d’une violence inouïe, a été filmée par un passant et diffusée sur les réseaux sociaux, ce qui a déclenché une vague d’indignation, des scènes de saccage et des manifestations dans plusieurs supermarchés Carrefour du pays le 20 novembre. Cette date coïncidait d’ailleurs avec le Jour de la conscience noire au Brésil. De nombreux manifestants ont dénoncé une situation de racisme structurel au Brésil.
Le président du groupe français, Alexandre Bompard, a réagi vendredi en déclarant que les images étaient « insupportables ». Il a ajouté qu’un bilan complet des actions de formation des salariés et des tiers serait réalisé. Carrefour Brasil a également pris des mesures, principalement vis-à-vis de la société de sécurité et du responsable du magasin qui sera licencié, et a indiqué que les recettes de ses magasins implantés dans le pays réalisées le 20 novembre seraient reversées à des projets de lutte contre le racisme. La vigueur de la réaction du groupe et sa détermination pour relever le défi de la lutte contre les actes racistes seront déterminantes dans ce pays où les violences raciales sont quotidiennes, et ce, d’autant que le Brésil représente près de 18 % du chiffre d’affaires hors taxes du groupe. Rappelons également que, depuis 2017, Carrefour est soumis à la loi française sur le devoir de vigilance, y compris si des atteintes envers les droits humains ont été commises par l’un de ses prestataires, et que, dans ce drame, sa responsabilité est susceptible d’être engagée devant les tribunaux français. Il n’est pas impossible que des organisations ayant intérêt à agir se saisissent de cette affaire.