Une partie substantielle (33 %) des émissions de gaz à effet de serre liées aux activités de l’énergéticien français Engie provient de l’usage des combustibles (en particulier du gaz) qu’il vend à des consommateurs finals. Une autre proportion significative (11 %) émane de la chaîne en amont (extraction, etc.) des combustibles achetés. Engie calcule ses émissions de GES sur la base des facteurs d’émission publiés par le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Or, l’impact climatique de l’extraction et de l’acheminement des combustibles n’est pas uniforme et peut être très différent selon les régions et les modes d’exploitation. Aussi, le groupe a été à plusieurs reprises interpellé par les associations écologistes au sujet de l’origine de son gaz. Le 22 octobre dernier, l’agence Reuters a annoncé que la compagnie pourrait suspendre la signature d’un contrat d’importation de gaz naturel liquéfié (GNL) américain avec la société NextDecade Corp. Le 3 novembre, le journal Le Monde a confirmé la fin des négociations entre les deux entreprises. Cette décision résulterait d’une demande appuyée de l’État français qui détient environ 34 % des droits de vote de la société. Le contrat, d’une valeur de 6,9 milliards de dollars, devait s’étaler sur une période de vingt ans. Le gaz devait provenir du terminal de GNL, actuellement en construction, de Rio Grande LNG (Texas), qui doit être alimenté par le gaz de schiste provenant du Bassin permien, considéré comme le deuxième plus grand champ pétrolifère au monde et qui s’étend sur l’ouest du Texas et le sud-est du Nouveau-Mexique. Mais l’empreinte climatique du gaz de schiste est considérée par beaucoup comme catastrophique, notamment à cause des fuites fugitives de méthane.