L’Observatoire des multinationales vient de publier un travail dans lequel il dénonce notamment les sociétés du CAC 40 ayant obtenu des aides publiques pour affronter les effets de la crise sanitaire et qui ont néanmoins versé des dividendes à leurs actionnaires. L’association recense 14 entreprises qui ont bénéficié des mesures de chômage partiel (en France, NDLR) et versé un coupon. Parmi celles-ci, 11 ont finalement réduit le montant octroyé aux actionnaires par rapport à la décision prise par le conseil d’administration avant la crise et 3 l’ont maintenu : Schneider Electric, Teleperformance, Vivendi. Pour ces trois entreprises, le montant du coupon par action a même augmenté par rapport à 2019 (+ 8,5 % pour Schneider Electric, + 26,3 % pour Teleperformance, + 20 % pour Vivendi).
Certains dirigeants ont justifié cette position en précisant que le dividende versé en 2020 rémunérait l’apport financier des actionnaires sur la base des bénéfices réalisés en 2019. Mais en réalité, cette rémunération ne s’effectue pas uniquement sur la base de ces bénéfices, elle s’appuie aussi sur le report à nouveau antérieur (le « trésor de guerre »). Cela constitue le bénéfice distribuable. Dans un contexte de crise mondiale majeure, une question se pose néanmoins : ce bénéfice distribuable ne doit-il pas avant tout être consacré à préserver l’avenir de la société et de ses salariés, en particulier pour éviter de faire supporter à la collectivité une partie de cette préservation par le biais de l’obtention d’aides publiques ? La question mérite d’être posée dans le cadre de la responsabilité des entreprises vis-à-vis de la communauté. Cette problématique semble avoir très marginalement influencé le vote des actionnaires, qui ont largement approuvé les projets de versement de dividende proposés à leur suffrage par les conseils. Pour les trois sociétés citées, la moyenne des votes favorables aux projets s’est établie à 98,97 % des voix en 2020 contre 99,75 % en 2019.