Avec un peu plus de 50 millions d’habitants, le Kenya est le septième pays le plus peuplé d’Afrique, la sixième économie du continent, mais il figure encore parmi les pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. En dépit d’un PIB par habitant qui a quadruplé au cours des quinze dernières années, le taux de pauvreté du pays reste encore deux fois plus élevé que la moyenne des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure. La poursuite de la croissance (de même que sa répartition au sein de la population) est donc, comme pour tout pays émergent, un enjeu fondamental. Mais cela pose la question des conséquences pour le climat. Aujourd’hui, on estime que plus de 80 % de l’électricité du Kenya provient de sources renouvelables, pour une grande part d’origine géothermique. Et le président Kenyatta a affirmé, à plusieurs reprises, que son pays atteindrait le 100 % renouvelable d’ici à 2020. Pour autant, cette ambition ne justifie pas une consommation énergétique débridée.
L’autorité de régulation de l’énergie et du pétrole kényane (Epra, Energy and Petroleum Regulatory Authority) a préparé un projet de loi actuellement soumis à consultation publique. S’il est adopté, les entreprises devront réaliser des investissements pour atteindre les objectifs d’efficacité énergétique fixés par l’Epra, faute de quoi (en cas de non-respect des obligations), elles s’exposeront à des sanctions (pénalités financières et, dans certains cas, peines d’emprisonnement). Elles devront diligenter des audits énergétiques de leurs installations, menés par des organismes agréés et qu’elles transmettront à l’autorité de régulation au moins tous les quatre ans. Le cas échéant, elles devront définir des plans d’action correctifs détaillés afin de réduire la consommation à des niveaux acceptables. Les entreprises devront en outre tenir des registres relatifs à leur consommation d’énergie. Des rapports devront être soumis pour chaque exercice. Les agents de l’Epra pourront accéder aux locaux commerciaux pour réaliser des audits. De nombreux dirigeants d’entreprise voient toutefois d’un mauvais œil cette initiative et prônent des démarches volontaires soutenues par le gouvernement.