Le 28 juillet, Air Liquide a annoncé qu’il a conclu un accord de négociation exclusive avec le spécialiste sud-africain de l’énergie et de la chimie Sasol pour l’acquisition du plus grand site de production d’oxygène au monde, situé à Secunda (Afrique du Sud). Dans ce cadre, Air Liquide envisage de réduire de 30 % à 40 % les émissions de CO2 associées à la production d’oxygène. La sécurisation d’un important approvisionnement en électricité renouvelable résultant d’un appel d’offres lancé par Sasol entrerait dans cet objectif. Sur le plan mondial, Air Liquide s’est engagé, à la fin du mois de novembre 2018, à réduire son intensité carbone (pas le volume) de 30 % sur les scopes 1 et 2 d’ici à 2025 (par rapport à 2015). Une grande partie de ce résultat devrait provenir de l’augmentation du recours aux énergies renouvelables. Précisons aussi que l’intensité carbone est calculée par rapport au résultat opérationnel courant avant amortissement. Ce qui signifie que si cet indicateur financier augmente plus vite que la production (à mix d’activité équivalent), l’intensité carbone diminuera mécaniquement.
Certains observateurs semblent sceptiques sur la politique climatique du groupe. Parmi ces derniers, le plus important fonds de pension privé mondial, BlackRock, a voté contre le renouvellement d’un administrateur du groupe (Brian Gilvary) lors de la dernière assemblée générale d’Air Liquide en juin, au motif que l’entreprise ne répondait pas aux recommandations de la Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD) en matière de reporting climatique. Depuis plusieurs mois, la société de gestion semble plus offensive dans son approche des entreprises dans lesquelles elle détient des participations (IE n° 315), même si sa démarche paraît encore bien trop timide aux yeux de certains actionnaires critiques (IE n° 324). Le géant américain a publié, le 8 juillet dernier, un rapport sur la manière dont il a intensifié son engagement en faveur du climat avec les entreprises des secteurs à forte intensité carbone. Dans ce rapport, il indique qu’il a identifié 244 sociétés réalisant des « progrès insuffisants » dans l’intégration des risques climatiques au sein de leur modèle économique ou leur reporting et a voté contre le renouvellement d’administrateurs pour 53 d’entre elles, dont Air Liquide. Une mauvaise publicité pour l’entreprise qui est la seule société française de ce panel…