La course contre la montre pour juguler l’expansion de la pandémie est engagée. Reconnaissons-le, on a pu observer de navrantes tentatives opportunistes. On a également constaté des retards à l’allumage de la part des acteurs politiques et des décideurs économiques. Les infrastructures, nos systèmes d’organisation, nos processus de décision ne sont pas adaptés aux grains de sable. Et celui-là est de taille. Mais on a aussi été les témoins de beaux élans de solidarité. Un florilège d’actions sincères, d’initiatives et d’innovations efficaces (de la part des personnes, des fondations, des petites et grandes entreprises…). De nouvelles manières de voir les choses et de travailler ont vu le jour. Tout cela démontre qu’on peut réagir vite quand il le faut. Et aujourd’hui, la nécessité et l’urgence dépassent la seule question sanitaire. Surtout pour les populations les plus vulnérables, pour les quelque 700 millions de personnes qui, dans le monde, n’ont toujours pas accès à l’eau potable (énorme handicap en période de pandémie), pour les plus de 70 millions de personnes déplacées (souvent dans des camps de fortune), les petits commerces de rue et les travailleurs informels, les centaines de millions de travailleurs qui ne disposent d’aucune couverture de santé.
Il est certain que cette crise va renforcer la convergence des oppositions vis-à-vis de nos modèles économiques et attiser encore les méfiances. Elle montre déjà la nécessité de revisiter ces modèles, d’accélérer, dans leur construction, la prise en charge des plus démunis, d’y intégrer systématiquement une réflexion sur la prise en compte de notre environnement (pas seulement naturel), d’anticiper davantage, de privilégier le développement local à tous les échelons, en particulier au niveau des biens et services de première nécessité. Dans un communiqué commun du 1er avril, l’OMS, la FAO et l’OMC ont d’ailleurs alerté la communauté internationale d’un risque de pénurie alimentaire mondiale. Les entreprises doivent oser, se saisir de toutes les urgences maintenant, se doter de « raisons d’être » très solides intégrant l’inclusion à large échelle et le respect absolu de nos environnements, qui sont peut-être les meilleures preuves de l’utilité collective de la valeur créée.