Depuis une trentaine d’années, les associations de solidarité internationale actives dans les pays occidentaux – Europe et Etats-Unis en tête – alertent sur les conditions de travail des salariés du textile, de l’habillement et de la chaussure dans les pays du Sud. En trente ans, les volumes de production et, par voie de conséquence, le nombre d’usines intervenant dans ces secteurs ont considérablement augmenté. Un message implicite n’a cependant pas toujours été entendu : si les millions de personnes travaillant sur les chaînes de production réclament une amélioration de leurs conditions de travail et de leur sécurité, elles s’opposent aux initiatives menaçant leur emploi. Aujourd’hui, la crise sanitaire mondiale met ces emplois en danger. En effet, du fait des mesures de distanciation sociale – qui se généralisent sur la planète –, de nombreux détaillants ont baissé le rideau et les enseignes ont pris des dispositions pour atténuer les conséquences de la crise. Parmi les mesures adoptées, l’annulation des commandes à venir, mais aussi le refus de payer les marchandises déjà produites et non encore expédiées. Cela met en danger des milliers de petites firmes dans le monde, et les ouvrières et ouvriers de ces entreprises seront les premières victimes de ce phénomène.
L’Afrique du Sud a décrété, à partir du 27 mars, un confinement strict pour une durée de 21 jours. Cette mesure inclut l’arrêt de toutes les activités non essentielles, dont le textile et le vêtement. Dans ce pays, les salariés perdant leur emploi perçoivent du fonds d’assurance chômage (UIF) entre 20 % et 60 % de leur salaire et doivent introduire leur demande d’indemnisation individuellement. Mais le 24 mars, le syndicat des travailleurs de l’habillement et du textile d’Afrique australe (SACTWU) a conclu un accord garantissant le versement intégral des salaires pendant six semaines avec le Conseil national de la négociation pour l’industrie de la confection. L’accord prévoit également qu’une demande puisse être effectuée collectivement pour le compte des salariés du secteur. Il concerne 80 000 travailleurs environ. Un exemple à suivre.