Selon la déclaration d’Helsinki adoptée par l’Association médicale mondiale (AMM), les groupes de personnes vulnérables « devraient bénéficier des connaissances, des pratiques ou interventions qui […] résultent [de la recherche médicale les impliquant] ». Or, depuis plusieurs années, de nombreuses organisations dénoncent le fait que les populations pauvres ne puissent pas accéder à certains médicaments. Si plusieurs facteurs peuvent expliquer cette situation, comme l’existence de réseaux de distribution défaillants ou corrompus, le prix de vente des médicaments constitue un obstacle indéniable. La fondation Access to Medicine publie tous les deux ans un classement des plus grands laboratoires pharmaceutiques mondiaux en fonction des efforts qu’ils déploient (pas uniquement sur les prix) en faveur de l’accessibilité des médicaments pour les populations vulnérables.
En dépit des progrès observés, les ONG sont loin d’être satisfaites par les résultats constatés sur le terrain. La Suisse abrite deux des plus grands laboratoires mondiaux : Novartis et Roche. Le 20 mai, l’association suisse Public Eye a annoncé la publication d’une étude dans laquelle elle dénonce la politique de prix de ces deux entreprises. Sur la base d’une enquête effectuée sur vingt-deux médicaments testés dans cinq pays (Afrique du Sud, Colombie, Mexique, Thaïlande, Ukraine), l’ONG montre que si des progrès ont été réalisés sur le plan de la disponibilité de ces médicaments dans ces pays, le prix auquel ils sont vendus les rendent inaccessibles pour la plupart des malades. A titre d’exemple, au Mexique et en Ukraine, un an de traitement avec le Perjeta de Roche (contre le cancer du sein) coûte 55 000 dollars et n’est pas couvert par l’assurance-maladie de base. Cela représente plus de trente fois le revenu minimal annuel dans ces deux pays.