Les pays en développement sont la destination de nombreux produits indésirables (ou interdits) dans les pays industrialisés. C’est vrai pour les déchets électroniques, les pesticides (IE n° 287), le diesel (IE n° 248), le tabac… Ainsi, selon une enquête récente de l’association suisse Public Eye, les cigarettes fabriquées en Suisse et exportées en Afrique sont plus toxiques que celles qui sont vendues sur les territoires français ou suisse. Ces pratiques ne sont pas nouvelles. Déjà dans les années 90, Coralma – alors détenu à 60 % par le groupe Bolloré – vendait dans certains pays d’Afrique des paquets de cigarettes dépourvus de toute mention indiquant la teneur en goudron ou en nicotine des cigarettes. Mais la vente de produits nocifs dans les pays en développement concerne aussi l’ingénierie industrielle. Pour répondre à de gros problèmes de pollution, la Chine a mis en œuvre une politique qui vise à ramener la part du charbon dans sa consommation d’énergie de 69 % en 2011 à 58 % en 2020 et elle reste le principal pays investissant dans les énergies renouvelables. Toutefois, un rapport de l’IEEFA (Institute for Energy Economics and Financial Analysis), publié le 22 janvier, montre que ce pays est également devenu un acteur majeur dans le financement des centrales à charbon dans le monde, en particulier dans les pays en développement. Sur la base des dernières informations à disposition, la participation des institutions financières chinoises à la construction des centrales à charbon actuellement en développement dans le monde se monterait à 35,9 milliards de dollars pour une puissance de 102 GW (sur un total de 399 GW actuellement en construction ou en préconstruction). Le pays prend ainsi le relais des banques multilatérales et des grandes banques commerciales internationales qui, progressivement, renoncent à financer ces projets. Le rapport souligne en outre que près d’un quart des centrales financées sont des installations sous-critiques (les plus émissives en GES et gourmandes en eau).