Le 25 novembre 2013, la société H&M dévoilait un plan destiné à permettre à 850 000 salariés de ses sous-traitants à travers le monde de bénéficier d’un salaire de subsistance d’ici à 2018 (IE n° 183). Cinq ans après, dans un communiqué daté du 20 septembre, la firme suédoise a annoncé qu’elle avait dépassé son objectif : au total, 655 usines sous-traitantes employant 930 000 salariés, représentant 84 % de sa production, ont soit amélioré leur système de management des salaires, soit implanté une représentation de travailleurs démocratiquement élue, soit les deux. Toutefois, le 25 septembre, l’association suisse Public Eye a publié les conclusions d’une enquête réalisée entre mars et juin 2018 auprès de soixante-deux ouvriers travaillant dans six usines intervenant pour le compte de H&M et situées en Bulgarie, en Turquie, en Inde et au Cambodge. La réalité décrite par les personnes interrogées est bien différente de ce que laisse entendre le communiqué du groupe. Dans ces usines, considérées comme des partenaires stratégiques par H&M (« Gold » ou « Platinum »), les salariés gagnent, sans les heures supplémentaires, un tiers environ du salaire de subsistance (en Inde et en Turquie), la moitié au Cambodge et moins de 10 % en Bulgarie. Pour augmenter leurs revenus, les ouvrières et les ouvriers interrogés se disent contraints de faire des heures supplémentaires, dépassant souvent les limites fixées par la loi et atteignant parfois 80 heures de travail par semaine. Bon nombre d’entre eux souffrent de malnutrition et d’épuisement et racontent s’être déjà évanouis sur leur lieu de travail. Les résultats de cette enquête posent ouvertement la question de la crédibilité du plan de H&M.