La question du lobbying exercé par les grandes sociétés et/ou les fédérations professionnelles les représentant est difficile à appréhender, car les informations sont souvent difficiles à collecter. Pourtant, il s’agit d’un sujet qui intéresse non seulement les associations mais aussi, et de plus en plus, les investisseurs qui disposent d’une politique d’ISR. La revue américaine Climatic Change a publié, le 18 juillet, une étude réalisée par le sociologue Robert Brulle de l’université de Drexel (Philadelphie). S’appuyant sur les données disponibles sur le site OpenSecret.org, Robert Brulle indique qu’entre 2000 et 2016, plus de 2 milliards de dollars ont été dépensés aux Etats-Unis pour influencer le congrès dans le domaine de la législation liée au climat. Sur cette période, les sommes les plus importantes ont été versées par les producteurs et fournisseurs d’électricité, suivis par le secteur du pétrole, du gaz et du charbon, puis par les transports. Globalement, les dépenses des industries impliquées dans l’utilisation des énergies fossiles ont représenté près de dix fois celles engagées par les organisations environnementales et le secteur des énergies renouvelables. Alors que ces montants constituaient moins de 2 % des sommes totales allouées aux dépenses de lobbying avant 2006, ils ont atteint plus de 9 % en 2009 et 2010 pour redescendre progressivement ensuite. Ce pic coïncide avec la proposition de loi (American Clean Energy and Security Act) déposée en mai 2009 par les représentants démocrates Waxman et Markey. Cette proposition, adoptée de justesse par la Chambre des représentants, n’a pas passé le cap du Sénat. Face à ce constat, Robert Brulle explique que les efforts déployés par les organisations environnementales ne constituent que des actions ponctuelles et à court terme face à la présence permanente exercée auprès des décideurs politiques par les professionnels du lobbying.