L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a rendu public un rapport, le 26 juin, qui attire l’attention sur la complexité des problèmes liés à l’exploitation des palmiers à huile. Le document ne nie pas l’impact dramatique de cette culture sur la biodiversité mondiale (193 espèces figurant sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN sont concernées), mais il souligne que le remplacement de l’huile de palme par d’autres huiles végétales ne ferait que déplacer le danger. Pour l’UICN, les autres cultures oléagineuses réclament en effet jusqu’à neuf fois plus de terre (l’huile de palme représente 35 % de l’huile végétale produite dans le monde, mais elle ne consomme que 10 % des terres affectées aux cultures d’oléagineux).
Cela étant, le problème ne réside pas seulement dans la superficie convertie, il vient également, et même surtout, de la nature des terres concernées et de la manière dont elles sont exploitées. Or l’huile de palme est cultivée dans des régions tropicales riches en biodiversité et les certifications existantes (comme la RSPO – Roundtable Table for Sustainable Oil, qui certifie 19 % de la production mondiale d’huile de palme) – s’avèrent peu crédibles quant à la garantie d’une exploitation durable. La RSPO essaie donc de redorer son blason en renforçant ses exigences et en manifestant plus de fermeté à l’égard de ses membres.
Dans ce contexte, le groupe suisse Nestlé a annoncé, le 28 juin, avoir été mis à l’écart de l’organisation pour des divergences sur l’objectif de durabilité que l’industrie devrait poursuivre, mais aussi en raison de rapports incomplets sur les progrès accomplis en matière d’achat d’huile de palme certifiée. Par ailleurs, le 3 juillet, l’entreprise de droit singapourien, Wilmar – qui est aussi le plus important producteur mondial d’huile de palme – a annoncé qu’elle avait démis de ses fonctions d’administrateur, Martua Sitorus, l’un des fondateurs de la société en 1991, et licencié Hendri Saksti, directeur du groupe pour l’Indonésie. Ces décisions font suite aux révélations de l’association Greenpeace, qui affirmait que ces personnes étaient étroitement liées à l’entreprise Gama, accusée d’avoir détruit plus de 21 500 ha de forêt. Pour l’ONG, Wilmar ne doit toutefois pas se contenter de rejeter les torts sur Gama et Martua Sitorus, mais elle doit engager une réforme sérieuse en prouvant, dans un premier temps, que ses approvisionnements en huile sont propres et en publiant la carte de ses concessions.