En novembre dernier, le groupe pétrolier anglo-néerlandais Shell a annoncé son intention de réduire de 50 % son empreinte carbone d’ici à 2050. Cet objectif comprend ses propres émissions et celles résultant de l’utilisation de ses produits. Mais pour Follow This, un mouvement d’actionnaires initié aux Pays-Bas, cet objectif est insuffisant au vu des exigences requises pour maintenir l’augmentation de la température de la planète au-dessous de 2 °C. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), le niveau de réduction des rejets de GES devrait être compris entre 60 % à 65 % à cet horizon. En valeur absolue. Or, selon Follow This, le groupe prévoit que le marché de l’énergie devrait progresser de 50 % d’ici à 2050. Si Shell conserve sa part de marché, la baisse en valeur absolue de ses rejets de GES ne sera donc que de 25 %. La compagnie répond qu’elle a déjà mis en place de nombreuses mesures pour aller dans le sens d’une activité plus respectueuse de l’environnement, comme la prise en compte de la gestion des GES dans les bonus des dirigeants, une plus grande transparence sur les risques climatiques et un investissement annuel de 2 milliards de dollars dans les énergies renouvelables. Mais pour Follow This, ce montant est trop faible au regard du budget consacré aux investissements (25 à 30 milliards de dollars) pour témoigner d’une ambition à la hauteur des enjeux. Aussi a-t-elle soumis au conseil d’administration de Shell un projet de résolution à inscrire lors de la prochaine assemblée générale lui demandant d’aligner ses objectifs sur ceux de l’accord de Paris.
Parallèlement, le 4 avril, l’association Les Amis de la Terre Pays-Bas a mis le groupe pétrolier en demeure de revoir à la hausse son plan d’investissement dans les énergies renouvelables et de corriger sa politique pour la mettre en conformité avec l’accord de Paris. Dans son communiqué, l’association accorde huit semaines à la compagnie pour obtempérer. Dans le cas contraire, elle engagera contre Shell une action en justice sur un schéma identique à celui qui a conduit, en 2015, une cour de justice de La Haye à condamner l’Etat néerlandais à adopter des mesures permettant d’atteindre un objectif de réduction des rejets de GES du pays de 25 % entre 1990 et 2020 au lieu des 14 % à 17 % prévus par le plan gouvernemental (IE n° 219).