La Colombie, dont le couvert forestier dépasse la superficie de la France, s’est engagée à atteindre un niveau net de déforestation nul d’ici à 2020 et à mettre un terme à la perte de toute forêt naturelle d’ici à 2030. Or, entre 2015 et 2016, la déforestation a progressé de 44 % et de 23 % dans la partie amazonienne de ce pays. Cette progression pourrait encore se renforcer avec la fin du conflit qui opposait, depuis plusieurs décennies, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) à l’Etat colombien et rendait inaccessibles de nombreuses zones forestières. A l’échelle de la planète, on estime que la déforestation participe à hauteur de 10 % à 15 % aux émissions de gaz à effet de serre. Partant de ce constat, vingt-cinq jeunes citoyens colombiens ont déposé une plainte devant une cour de Bogota à l’encontre du gouvernement, en indiquant que la politique de ce dernier menaçait leurs droits constitutionnels à la vie, à un environnement sain, à la nourriture et à l’eau. Les plaignants demandent à l’Etat de mettre un terme à la déforestation en Amazonie colombienne et de tenir ses engagements. Cette action, qui serait la première du genre en Amérique latine, s’inscrit dans un mouvement qui se développe à l’échelle mondiale. Ainsi, en août 2015, plusieurs jeunes soutenus par l’association Our Children’s Trust avaient également porté plainte devant une cour de l’Oregon contre le gouvernement des Etats-Unis, en l’accusant de violer les droits constitutionnels des jeunes générations du fait de la promotion du développement et de l’utilisation des énergies fossiles. De même, en octobre 2016, des associations avaient déposé un recours en justice contre le gouvernement norvégien en lui demandant de mettre un terme aux forages pétroliers de la mer de Barents au motif qu’en développant ces activités, il violait sa propre Constitution, laquelle disposait que « chacun a le droit à un environnement respectueux de la santé et à un environnement naturel dont la productivité et la diversité sont maintenus ». Les plaignants ont été déboutés en janvier 2017 et n’ont pas encore décidé s’ils feront appel. A l’inverse, en juin 2015, la cour du district de La Haye avait condamné l’Etat néerlandais à réduire ses émissions de GES de 25 % sur la période 1990-2020 (sur les bases de la tendance actuelle, la diminution n’atteindrait que 17 %).