L’affaire du lait contaminé par la salmonelle distribué par la société Lactalis est, à plus d’un titre, un cas d’école en matière de responsabilité élargie et partagée des entreprises. Tout d’abord, parce qu’elle implique une société réputée pour son culte du secret et particulièrement peu ouverte lors des relations et des négociations auxquelles sont régulièrement assujettis producteurs et transformateurs de lait. Ces deux caractéristiques ne devraient pas susciter l’indulgence de l’opinion. Ensuite, parce qu’elle touche une question éminemment sensible en matière de RSE, à savoir la santé, en l’occurrence celle de jeunes enfants et de nourrissons. Enfin, parce que l’aveu collectif soudain, mais tardif, les 9 et 10 janvier dernier, de la part des enseignes de la grande distribution de la mise en vente de lots de lait en poudre Milumel, en dépit des rappels des 2, 10 et 21 décembre 2017, prouve que la maîtrise de la chaîne de valeur reste une démarche complexe qui nécessite l’instauration de procédures très strictes (dont on peut, du reste, se demander si elles sont toujours à la hauteur des situations). Or, dans cette affaire, les plans de mesures de vigilance ont, à l’évidence, présenté de sérieuses failles, qui étonnent même les non-spécialistes. Cette réflexion peut d’ailleurs s’étendre aux obligations instituées par la loi de mars 2017 sur le devoir de vigilance (article L. 225-102-4 du code de commerce) des entreprises de plus de 5 000 salariés et qui concernent non seulement les questions de santé et de sécurité des personnes, mais aussi les droits humains, les libertés fondamentales et l’environnement. Les premiers plans doivent être publiés cette année.