La licence européenne du glyphosate – la molécule herbicide la plus utilisée dans le monde – expire le 15 décembre. Une nouvelle fois, le 25 octobre dernier, la Commission européenne, qui proposait un renouvellement pour une durée de cinq à sept ans, a renvoyé son vote à une date indéterminée. La veille, les eurodéputés avaient déposé une résolution non contraignante demandant que le produit soit éliminé d’ici à cinq ans. Ce feuilleton met en évidence les désaccords profonds existant entre les Etats membres, les ministères, les agriculteurs, les industriels, les écologistes et les experts, mais il révèle aussi l’évolution de la société depuis que ce produit est en circulation (plus de quarante ans) et les aspirations d’une partie de la population à un autre mode de vie. Il montre également que l’anticipation, un élément central d’un développement qui se voudrait durable, reste encore largement perfectible. La polémique qui entoure cette molécule a pris une ampleur sans précédent depuis la classification du produit comme probablement cancérogène pour l’être humain par le Centre international de recherche sur le cancer de l’OMS (CIRC), en mars 2015, et la révélation – au début du mois d’octobre de cette année – que des articles rédigés par des scientifiques affirmant que le glyphosate n’était pas cancérogène auraient été écrits par des employés de Monsanto, un groupe dont le produit phare, le Roundup, contient du glyphosate. Mais la controverse sur la nocivité de cette substance pour l’environnement et la santé humaine – et plus largement celle des produits de protection des plantes – n’est pas nouvelle. En février 2004, l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP) avait publié des annonces dans la presse quotidienne en réponse à des attaques dont elle faisait l’objet en concluant : « Les trois objectifs que nous poursuivons forment notre seul devoir : le respect de l’environnement, la protection des utilisateurs, la santé des consommateurs. »