Dans une enquête de la chaîne de télévision anglaise BBC, des chauffeurs routiers employés par des sociétés basées en Europe orientale, qui livrent des marchandises pour la marque d’ameublement Ikea, témoignent de leurs scandaleuses conditions de travail. Bénéficiant de salaires dérisoires (certains chauffeurs ne touchent que 150 euros par mois en moyenne), ils ne peuvent se loger dans les pays où ils travaillent ce qui les conduit à vivre, à se laver, à dormir, à faire la cuisine, etc. dans leur camion durant plusieurs mois d’affilée. Ces pratiques, qui s’appuient sur la directive européenne relative aux travailleurs détachés, sont en principe encadrées par des mécanismes afin d’éviter les excès et le dumping social (salaire minimum égal à celui du pays où le travail est effectué, limitation du nombre de missions…). Mais certaines entreprises profitent des vides juridiques et des difficultés à faire appliquer ces dispositions au secteur de la livraison pour les contourner. Certaines juridictions semblent toutefois réagir, à l’instar d’une cour de justice néerlandaise qui a jugé, en février dernier, que la société Brinkman, qui approvisionne Ikea en fleurs au Royaume-Uni et en Scandinavie, contrevenait à la législation. Si le groupe Ikea a déclaré qu’il se sentait concerné par ces problèmes, la question des conditions de travail dans la chaîne d’approvisionnement des grands groupes faisant l’objet d’une attention accrue et commençant à être encadrée par des réglementations (voir Impact Entreprises n° 253), il devrait sans doute se pencher avec plus de détermination sur le périmètre dont il entend assumer la responsabilité.