Le graphite, un minéral à surveiller pour ses effets sur l’environnement et les populations

Depuis trois ans déjà, les sociétés cotées aux Etats-Unis doivent publier un rapport sur la traçabilité de leurs approvisionnements susceptibles de contenir des minerais (étain, tungstène, tantale, or) en provenance de la région des Grands Lacs (en Afrique) et d’alimenter les conflits. De son côté, l’Europe s’apprête à adopter une législation allant dans le même sens, mais elle ne sera obligatoire que pour les importateurs directs de ces minerais. Cela étant, les matériaux qui participent à la fabrication d’éléments entrant dans la production de composants ou d’appareils électroniques ne se limitent pas à ces quatre minerais. En janvier 2016, l’association Amnesty International a publié une étude dans laquelle elle dénonçait les conditions d’exploitation du cobalt en République démocratique du Congo (voir Impact Entreprises n° 228), cobalt qui sert notamment à la fabrication des accumulateurs lithium-ion. C’est maintenant au tour du graphite, un minéral utilisé dans la fabrication des anodes de batteries. Le Washington Post vient de publier sur Internet un reportage dans lequel il révèle les graves atteintes à l’environnement et aux populations locales résultant de l’exploitation de cette substance (dans cinq sites chinois) par la société chinoise BTR, qui fournit 75 % environ des besoins mondiaux de graphite naturel : pollution de l’air, contamination de l’eau et des récoltes. Interrogés par le Washington Post, les utilisateurs situés en bout de chaîne (fabricants de téléphones ou d’ordinateurs, constructeurs automobiles…) ont fait valoir la difficulté de maîtriser la totalité de leur chaîne d’approvisionnement. Un aveu d’impuissance qui met en évidence l’ampleur de l’enjeu pour les tenants d’une responsabilité élargie des entreprises.