Cela fait une trentaine d’années que les conditions de travail indignes des ouvriers du secteur de l’habillement et de la chaussure défraient régulièrement la chronique. Pour tenter de résoudre ce problème, mais aussi pour protéger leur image des scandales à répétition, certaines entreprises ont commencé à mettre en place des dispositifs de contrôle pour leurs principaux fournisseurs dans le milieu des années 90. Mais comme l’a malheureusement démontré la terrible tragédie du Rana Plaza en 2013, les mesures ont été insuffisantes pour résoudre définitivement la question : audits trop ponctuels, préalablement annoncés ou ne portant que sur les fournisseurs de rang 1, minimisation de l’importance de certaines exigences dans les processus d’audit (fiabilité des constructions, liberté d’organisation syndicale, etc.), crédibilité relative des organismes d’audit… Même si ces lacunes sont très progressivement prises en compte dans l’amélioration des dispositifs, ces derniers comportent encore de nombreuses failles face à une organisation mondiale de la production de plus en plus complexe. Aussi les ONG et les organisations syndicales demandent-elles depuis longtemps aux marques et aux enseignes de communiquer la liste exhaustive de leurs fournisseurs. Le 8 septembre, l’association Human Rights Watch a annoncé que l’entreprise américaine de vêtements Gap allait désormais rendre publique la liste de ses quelque 900 fournisseurs, rejoignant ainsi d’autres grandes marques, comme Marks & Spencer, C&A, H&M, Levi’s ou Nike. Un pas supplémentaire donc, mais qui peut encore être complété par des mécanismes permettant aux ouvriers d’alerter directement les donneurs d’ordre ou les organismes en charge du contrôle des conditions de travail sur les abus constatés, à l’instar du projet pilote lancé il y a deux ans par l’entreprise britannique Mark & Spencer (voir Impact Entreprises n° 202).