Comme prévu, le projet de résolution présenté par des actionnaires de Shell et soutenu par le management, selon lequel la compagnie s’engage à dire si ses activités sont compatibles avec un engagement des gouvernements de limiter l’augmentation de la température de 2° C a été adopté à une large majorité (98,9 %). Mais cette résolution a été entérinée à l’issue d’une réunion très animée qui a duré quatre heures et demie. Alors que certains actionnaires ont applaudi le fait que Shell reconnaisse que les changements climatiques constituent une menace pour le monde et pour les activités du groupe, d’autres ont émis des doutes sur sa volonté d’engager une politique compatible avec cette menace, notamment les actionnaires venus d’Alaska, pour qui la décision de Shell de reprendre l’exploration dans la zone arctique met en danger leur communauté. Aux critiques selon lesquelles une « bulle carbone » peut apparaître sous l’effet d’une baisse durable de la demande et transformer une partie des réserves d’hydrocarbures détenues par les compagnies pétrolières en « actifs échoués » (stranded assets), Ben van Burden, le directeur général du groupe, a répliqué que cette théorie était assez convaincante, mais qu’elle ne tenait pas compte de la réalité qui est que « 80 % du système énergétique global dépend de carburants fossiles. C’est ainsi depuis des décennies et cela le sera encore pour des décennies ». La controverse ne devrait pas diminuer de sitôt.