Au milieu des années 90, le journaliste et économiste François-Xavier Verschave, membre fondateur de l’association Survie, avait popularisé le concept de « Françafrique » et dénoncé les détournements de biens publics par les dirigeants de certains Etats africains. Depuis quelques années, les procédures judiciaires engagées à l’encontre des dictateurs, des anciens dictateurs ou de leurs héritiers, afin que les biens détournés et transférés dans des places étrangères soient restitués aux pays spoliés se sont multipliées. Le 17 mars, la Suisse a annoncé la restitution au Nigeria de 380 millions de dollars extorqués par l’ancien dictateur Sani Abacha (1994-1998). Entre 2004 et 2010, 700 millions avaient déjà été rendus au pays, ce qui représentait une partie seulement des sommes détournées par la famille Abacha durant la dictature. Mais les ONG suisses protestent contre les modalités de ces restitutions, qui résultent d’un accord secret entre le Nigeria et le clan Abacha avec l’aval du ministère public genevois. Selon elles, cette convention admet l’impunité pour les auteurs de ces crimes et les complices des opérations de blanchiment et ne permet pas de s’assurer que les fonds rendus bénéficieront effectivement aux populations qui ont été les premières victimes de ces agissements.