Un partage juste et équitable des avantages issus de l’utilisation des ressources génétiques est une caractéristique majeure du développement durable dans le sens où, dans sa mise en œuvre, il est censé associer les populations autochtones non seulement à la valorisation des ressources, mais aussi à l’utilisation des éventuels savoir-faire traditionnels et des connaissances, et fournir ainsi des leviers de développement aux communautés. La validation par le Parlement européen, il y a quelques jours, du règlement de mise en œuvre du Protocole de Nagoya est un pas important dans cette direction. Mais à l’échelle mondiale, les termes de ce Protocole risquent de prendre encore beaucoup de temps avant d’être intégrés de manière effective aux droits locaux. En attendant, rien n’empêche les entreprises d’anticiper. Encore faudra-t-il que les conventions conclues entre les sociétés et les populations s’établissent avec le consentement éclairé de ces dernières. Cela soulève, bien entendu, la question de l’équilibre des moyens entre les parties, mais aussi celle, tout aussi délicate, de l’interlocuteur habilité à contracter pour le compte des communautés. Certaines transactions lucratives pourraient en effet être susceptibles de créer des divergences d’intérêts, des dissensions et des déséquilibres sociaux au sein des populations, et favoriser des processus de décision peu démocratiques.