Les banques chinoises commenceraient-elles à hésiter à financer les centrales à charbon à l’étranger ?

Le dernier rapport (très alarmant) du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) montre, si c’était encore nécessaire, qu’une « transition douce » est en réalité une illusion. Tout d’abord, car les gaz à effet de serre résident de nombreuses années dans l’atmosphère (une centaine pour le dioxyde de carbone). Cela signifie qu’il faut attendre un siècle environ pour que le CO2 que nous rejetons aujourd’hui ait complètement disparu. Ensuite, parce que bon nombre d’infrastructures à l’origine de ces émissions ont elles-mêmes une durée de vie plus ou moins longue. Ainsi, selon les spécialistes, la durée de vie d’une centrale électrique au gaz serait de 30 ans en moyenne, et celle d’une centrale à charbon (qui est plus polluante), de 45 ans. En d’autres termes, les décisions d’investir dans une centrale à charbon prises aujourd’hui auront encore des conséquences sur le climat dans près d’un siècle et demi.

Il aura fallu de nombreuses années pour voir les banques européennes commencer à adopter, sous la pression des organisations écologistes, des politiques encadrant le financement des infrastructures liées aux énergies fossiles. Dernièrement, le 8 juillet 2021, l’association Les Amis de la Terre s’est félicitée du choix de la Société Générale de ne plus soutenir de nouveaux projets de terminaux de gaz de schiste en Amérique du Nord. Les banques américaines lui ont tardivement emboîté le pas. Les institutions financières asiatiques, quant à elles, sont à la traîne. Mais cela pourrait changer.

À la mi-juillet, les ministères chinois de l’Environnement et du Commerce ont ainsi déconseillé à certains des plus grands bailleurs de fonds du pays d’investir dans le charbon et ont publié conjointement des directives d’investissement à l’international demandant d’inclure des considérations climatiques dans les évaluations de projets. Des études semblent avoir convaincu les dirigeants du pays que les centrales à charbon financées à l’étranger pourraient être fermées avant un retour sur investissement. L’économiste en chef de l’ICBC (Industrial & Commercial Bank of China), la principale banque du pays, a déclaré lors d’un forum international en mai qu’elle élaborait une feuille de route pour éliminer complètement le financement du charbon. L’une des premières décisions de l’ICBC annoncée fin juin par la presse a été de renoncer à financer le projet de centrale à charbon de Sengwa (Zimbabwe) d’une capacité de 2 800 MW. Pour le collectif d’organisations environnementales Go Clean ICBC, cette décision porte un sérieux coup à deux décennies d’efforts consacrés à l’évolution du projet ainsi qu’à l’avenir des centrales à charbon dans les pays en développement.