Pression des fournisseurs sur leurs donneurs d’ordre, et vice versa

Au début de la pandémie que traverse actuellement le monde, les marques de mode et les enseignes de distribution occidentales ont brutalement réduit leurs carnets de commandes (voir IE), plongeant bon nombre de leurs fournisseurs et sous-traitants dans de très grandes difficultés et aggravant la précarité de l’emploi et les bas salaires. Dans ce contexte, les fabricants de vêtements de six pays asiatiques (Bangladesh, Cambodge, Chine, Myanmar, Pakistan, Vietnam) ont annoncé, le 18 janvier, qu’ils avaient constitué un front commun (le réseau STAR) pour négocier avec les donneurs d’ordre de meilleures conditions de paiement et de livraison. Selon Miran Ali, le porte-parole du réseau, ces fabricants représentent 60 % des exportations mondiales de vêtements. Les fournisseurs d’autres pays ont été invités à adhérer à la plate-forme. L’objectif est de renforcer le secteur textile dévasté par la pandémie. Miran Ali a également souligné que cette initiative aiderait les entreprises à résister à la pression des donneurs d’ordre et que les syndicats siégeraient à son conseil consultatif. De leur côté, les associations de défense des droits de l’Homme au travail ont exhorté les fabricants à utiliser cette initiative pour améliorer les conditions de travail des salariés, et pas seulement pour augmenter leurs propres bénéfices.

Mais les donneurs d’ordre font aussi parfois pression sur leurs fournisseurs pour la bonne cause. C’est d’ailleurs l’un des principes de la RSE telle qu’elle a émergé à la fin des années 80 en Europe continentale. Ainsi, le plus grand producteur mondial de nutriments pour les cultures, le Biélorusse Belaruskali, a annoncé le 21 janvier qu’il allait réintégrer les salariés licenciés pour une tentative de grève à l’automne dernier. Ce mouvement social s’insérait dans les manifestations de masse qui ont eu lieu dans le pays après l’élection présidentielle du 9 août 2020 et qui exigeaient le départ du président réélu, Alexander Loukachenko. La décision de la direction de Belaruskali fait suite à une intervention de son principal client, le producteur et distributeur de produits chimiques norvégien Yara. Belaruskali a précisé que les sanctions disciplinaires à l’encontre des travailleurs licenciés avaient été annulées et qu’ils pouvaient récupérer leur emploi s’ils le demandaient.