Le marché mondial de la finance forestière pourrait atteindre 800 milliards de dollars

Qu’il s’agisse des États ou des entreprises, les engagements pris pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050 se multiplient. Et c’est tant mieux, même s’il ne s’agit que d’engagements et si les modalités de calcul pour attester la validité des trajectoires doivent encore être affinées. Les mécanismes de compensation ou de séquestration du carbone sont une composante majeure pour y parvenir. À ce titre, les démarches de reboisement se multiplient et, bien que toutes ne se vaillent pas, elles représentent d’ores et déjà des perspectives commerciales et financières considérables.

Les Principes pour l’investissement responsable des Nations unies (UN PRI) ont demandé au cabinet de consultants britannique Vivid Economics d’élaborer un guide sur les technologies à émissions négatives (TEN) à l’attention des investisseurs (An investor guide to negative emission technologies and the importance of land use). L’étude fait ressortir que les TEN offrent de nouvelles opportunités aux investisseurs et que celles qui s’appuient sur la nature (Nature Based Solutions – NBS) pourraient générer 800 milliards de dollars de revenus en 2050. Les entreprises s’orientent de plus en plus vers cette voie. Le nombre de sociétés qui se sont engagées à atteindre la neutralité carbone est ainsi passé de 500 en 2019 à 1 541 en 2020. Parallèlement, de 2017 à 2018, la valeur des crédits forestiers ou liés à l’utilisation des terres échangés sur le marché des compensations volontaires a triplé pour atteindre 172 millions de dollars.

D’autres techniques se développent, comme la bioénergie avec captage et stockage du dioxyde de carbone (BECSC, processus consistant à produire de l’énergie, puis à capter et à stocker le carbone) ou la capture directe du dioxyde de carbone de l’air. Mais elles nécessiteront d’énormes quantités de terres, de fait soustraites à l’agriculture, et/ou des quantités considérables d’énergie et d’eau (IE n° 328). Pour promouvoir les bonnes démarches et éviter ces « effets secondaires » négatifs, le rapport invite les investisseurs à : faire pression sur les entreprises pour qu’elles s’engagent dans l’action climatique, investissent dans les NBS et garantissent des chaînes d’approvisionnement sans déforestation ; se positionner rapidement sur le marché des NBS en croissance rapide ; soutenir le marché des NBS en collaborant avec les décideurs ; promouvoir une norme mondiale pour les projets NBS et des normes de durabilité pour la BECSC ; surveiller les développements dans le domaine de la capture directe de l’air.