Les grands cabinets d’avocats américains soutiennent surtout les entreprises « climaticides »

Il y a quelques mois, la société Google déclarait qu’elle ne développerait plus de nouvelles solutions personnalisées basées sur l’intelligence artificielle pour aider l’industrie pétro-gazière à accroître sa production (IE n° 324). Par cette décision, la société reconnaissait la contribution potentielle de ses services au renforcement d’activités « climaticides », comme d’autres se prévalent de développer des activités contribuant à la lutte contre le changement climatique. De fait, il devient désormais difficile d’accorder du crédit aux initiatives commerciales visant à réduire les émissions de GES des clients sans prendre également en considération celles qui les favorisent. Le secteur de la publicité est, à cet égard, l’objet de vives controverses, mais aussi de décisions courageuses : en janvier de cette année, le journal britannique The Guardian a, par exemple, déclaré qu’il n’accepterait plus de publicité des sociétés pétrolières et gazières (IE n° 316). Le débat s’élargit donc sur l’utilité des services offerts dans la lutte contre le changement climatique.

Le 1er octobre, des étudiants de la prestigieuse école de droit de Yale (Etats-Unis) ont lancé une nouvelle organisation, Law Students for Climate Accountability, et publié un rapport dans lequel ils montrent que la plupart des cent plus grands cabinets d’avocats des Etats-Unis réalisent bien plus de prestations pour les clients à l’origine de la crise climatique que pour ceux qui la combattent. L’étude a analysé les travaux effectués par ces cabinets entre 2015 et 2019 dans le cadre de contentieux, de transactions et d’activités de lobbying. Elle montre que ces cabinets ont plaidé en faveur de 286 affaires susceptibles d’aggraver le changement climatique (contre 3 pouvant l’atténuer), qu’ils ont apporté leur soutien à 1 448 transactions portant sur un montant total de 1 316 milliards de dollars au bénéfice de l’industrie des combustibles fossiles, qu’ils ont perçu 36,5 millions de dollars d’honoraires pour des activités de lobbying au niveau fédéral en faveur du secteur des énergies fossiles. Le rapport vise à sensibiliser les étudiants en droit et les jeunes avocats sur le rôle des cabinets d’avocats dans l’aggravation de la crise climatique et sur l’importance de leur choix en matière d’emploi pour l’avenir du monde. Le rapport regrette que ces cabinets offrent leurs services à des entreprises à l’origine de la crise climatique, alors qu’ils pourraient utiliser leurs exceptionnelles compétences pour accélérer la transition vers un avenir durable.