Des investisseurs demandent expressément l’abandon d’un projet de centrale à charbon

Un nouveau rapport intitulé State of Global Air 2020 indique qu’en 2019, la pollution de l’air a causé la mort prématurée de 476 000 nouveau-nés dans le monde. La plupart d’entre eux vivaient dans les pays en développement. Si les centrales à charbon font partie des principaux pollueurs atmosphériques, elles sont aussi l’un des facteurs déterminants du changement climatique. Une coalition de dix-huit investisseurs, dont les actifs totalisent 3 600 milliards de dollars, a écrit aux entreprises et aux banques impliquées dans le projet de centrale à charbon Vung Ang 2 au Vietnam pour leur demander de se retirer de ce programme de 2,2 milliards de dollars qui est, selon ces investisseurs, incompatible avec les objectifs de l’accord de Paris. La future centrale présente également une viabilité économique très incertaine si l’on se réfère à une étude réalisée par l’association Carbon Tracker qui prévoit, au Vietnam, un coût des énergies renouvelables inférieur à celui du charbon dès 2022. La centrale de Vung Ang (d’une puissance de 1,2 gigawatt) est l’une des nombreuses centrales au charbon en construction en Asie du Sud-Est.

Selon la presse sud-coréenne, la coalition comprendrait, entre autres : Nordea Asset Management, qui se revendique comme le principal gestionnaire d’actifs de la zone nordique, le fonds de pension suédois AP7, le fonds de pension danois AkademikerPension (MP Pension), la compagnie d’assurance suédoise Folksam, les Eglises de Suède et de Finlande, le fonds de pension britannique Brunel Pension Partnership, la société de gestion britannique CCLA, l’assureur allemand Allianz. Les gestionnaires d’actifs ont ciblé douze entreprises, dont Mitsubishi Corp, Korea Electric Power (KEPCO), Samsung C&T, Mizuho Financial Group, Mitsubishi UFJ Financial Group et Sumitomo Mitsui Financial Group. Il est rare que des investisseurs réclament aussi directement le renoncement à des projets.

Reste que les entreprises et banques asiatiques sont en retard par rapport à leurs homologues européens dans la prise de distance avec le charbon. Cela étant, la pression s’accroît sur les acteurs économiques japonais et sud-coréens et semble commencer à porter ses fruits. D’après l’association sud-coréenne Solutions For Our Climate, le président de KEPCO, Kim Jong-Gap, aurait annoncé lors d’une audition devant le Parlement sud-coréen, le 15 octobre dernier, que son entreprise ne s’impliquerait plus désormais dans la construction de nouvelles centrales à charbon à l’étranger et abandonnerait les projets de Thabametsi en Afrique du Sud et de Sual 2 aux Philippines à moins qu’ils ne soient convertis en centrales au gaz. Les associations demandent à KEPCO de réserver le même sort à la centrale de Vung Ang. Quant à la coalition d’investisseurs, elle appelle les bailleurs de fonds à s’interroger sérieusement sur la poursuite de leur engagement dans ce projet.