JCDecaux dénoncé pour avoir accepté la campagne anti-immigration de Viktor Orbán

Le parti nationaliste et populiste hongrois (le Fidesz – Magyar Polgári Szövetség) a remporté une large victoire le 8 avril dernier lors des élections législatives, offrant au Premier ministre sortant, Viktor Orbán, la possibilité de diriger le pays pour un troisième quadriennat consécutif. Le Fidesz et son allié (le parti populaire démocrate-chrétien – KDNP) ont remporté les deux tiers des sièges au Parlement, ce qui leur donne la possibilité de modifier la constitution. Pour obtenir cette victoire, la campagne du Fidesz s’est largement appuyée sur la dénonciation de l’immigration, en l’accompagnant d’une vaste opération d’affichage montrant une foule de personnes migrantes barrée d’un panneau stop. Des associations locales et étrangères ont dénoncé cette campagne la qualifiant de haineuse et elles ont protesté auprès de JCDecaux, la société française qui loue les panneaux arborant les affiches. Pour justifier sa position, le service de communication de l’entreprise a indiqué que ses « espaces publicitaires étaient disponibles pour l’ensemble des partis politiques [et qu’elle ne pouvait] censurer les messages des uns ou des autres ». Cela étant, cette position soulève des questions sur les limites que le fournisseur d’espaces publicitaires (premier annonceur extérieur sur le marché hongrois avec plus de 50 % des faces publicitaires en mobilier urbain du pays à travers sa filiale Epamedia) s’impose en ce qui concerne la nature des messages qu’il diffuse, sur la marge de liberté qu’il s’octroie vis-à-vis des autorités délivrant les concessions publicitaires et, accessoirement, sur la sincérité des positions gracieuses qu’il adopte par ailleurs.