Les autorités de Pékin ont décidé de vider la ville des migrants considérés comme indésirables

Dans de nombreux pays, les flux migratoires transfrontaliers offrent l’opportunité à certaines entreprises d’avoir recours à une main-d’œuvre bon marché, voire dans certains cas, très bon marché. En Chine, ce « rôle » est dévolu aux dizaines de millions de personnes qui quittent les zones rurales pour affluer vers les régions industrielles, maintenant ainsi les salaires à des niveaux très bas. En République populaire de Chine, le système d’enregistrement des ménages (permis de résidence – en chinois, hukou) permet au gouvernement de contrôler la population. Mais il prive aussi les personnes déplacées d’une partie de leurs droits civiques dans les régions où elles arrivent. De fait, elles résident le plus souvent dans les faubourgs des grandes villes dans des conditions insalubres et leurs revenus sont tributaires des fluctuations de l’activité économique. Le 18 novembre, un incendie s’est déclaré dans un immeuble situé dans un quartier du district de Daxing (Pékin) causant la mort de dix-neuf personnes et plusieurs blessés. En conséquence, le gouvernement de la ville de Pékin a pris la décision de « sécuriser » la ville en dressant une liste de 25 395 logements considérés comme dangereux et en ordonnant une opération de nettoyage éclair de quarante jours. Des dizaines de milliers de personnes ont ainsi commencé à être évacuées par la force par des équipes spécialisées, qui coupent l’électricité et l’accès à l’eau, détruisent les habitations et ne laissent parfois que quelques heures aux habitants pour quitter leur logement. Pour les associations et les syndicats locaux, le but des autorités n’est pas, comme elles le prétendent, de protéger ces populations contre les risques que l’état de leur logement leur fait courir, mais de décongestionner la ville en la vidant d’une partie de sa population, considérée comme « bas de gamme » (low-end).