Conditions de travail dramatiques pour les enfants dans l’extraction du mica en Inde

Le 28 août 2012, le Conseil des ministres indien validait un amendement à la loi nationale sur le travail des enfants visant à interdire le travail des enfants de moins de quatorze ans et tout travail dangereux pour les adolescents de moins de dix-huit ans (voir Impact Entreprises n° 155). Le 19 juillet dernier, le Parlement a finalement voté l’amendement après que celui-ci a été sensiblement affaibli par l’introduction d’une exception, qui permettra aux enfants de moins de quatorze ans de travailler dans les entreprises familiales en dehors des heures de cours et pendant les vacances scolaires, et par la réduction considérable du nombre de professions jugées à risque. Cette décision devrait, selon les ONG et l’ONU, rendre la question du travail des enfants plus difficile à résoudre dans ce pays où quelque dix à vingt millions d’entre eux travaillent, le plus souvent pour aider leur famille en difficulté ou surendettée. Elle continuera en outre à alimenter une économie parallèle qui prolifère, comme c’est le cas pour l’extraction du mica, un minéral utilisé dans les secteurs de l’industrie automobile, l’électronique, du bâtiment ou de l’industrie cosmétique. Le 3 août, la Thomson Reuters Foundation a ainsi publié les résultats d’une enquête menée dans les principaux Etats indiens produisant ce matériau (Bihar, Jharkhand, Rajasthan, Andhra Pradesh). Cette enquête montre les conditions épouvantables dans lesquelles des enfants parfois âgés de cinq ans travaillent pour des salaires misérables dans les mines illégales de mica : coupures, infections respiratoires, traumatismes crâniens, nombreux accidents létaux. Les grandes entreprises sont concernées. Si une société comme L’Oréal indique que 60 % du mica qu’elle consomme provient des Etats-Unis, elle reconnaît aussi qu’une partie des 40 % restants provient d’Inde. Le secteur des cosmétiques tarde néanmoins à s’organiser (traçage et contrôle de la filière et des courtiers internationaux) pour ne plus alimenter une situation qui maintient des familles entières dans la pauvreté.